OpenAI s'implante en France malgré un bras de fer avec la presse écrite
- Nadim Lefebvre
- Il y a 2 mois (Màj il y a 2 mois)
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L'entreprise américaine OpenAI, célèbre pour son IA conversationnelle ChatGPT, vient d'ouvrir une filiale à Paris. Cette implantation stratégique intervient alors que les relations avec les éditeurs de presse français se tendent sur la question de la rémunération des contenus utilisés pour entraîner les modèles d'IA.
Une présence renforcée en Europe
Après avoir ouvert un premier bureau au Royaume-Uni en 2023, OpenAI poursuit son expansion européenne avec une filiale française. Située rue de la Boétie à Paris, elle sera dirigée par Janine Korovesis, vice-présidente financière du groupe. Cette structure permettra à OpenAI de commercialiser ses produits logiciels et services, mais aussi de mener des activités de R&D.
L'arrivée d'OpenAI en France s'inscrit dans un contexte où le pays cherche à s'imposer comme un acteur clé de l'IA. Des startups comme Mistral AI, fondée par d'anciens ingénieurs de Google et Meta, témoignent du dynamisme de l'écosystème français. OpenAI pourra ainsi se rapprocher des talents et bénéficier d'un environnement favorable à l'innovation.
Contrairement à ce que l'on pourrait croire, la place forte de l'IA en Europe est bien la France. Grâce à de nombreuses entreprises (Mistral, Kyutai, HuggingFace d'origine française) et, surtout, d'ingénieurs de renom, la France est en train de se tailler une place de choix dans l'écosystème mondial. OpenAI profite de l'effet d'aubaine et montre que son expansion n'est pas terminée, en particulier en dehors des frontières américaines. De quoi prouver que malgré la régulation très forte, il n'est pas impossible de faire de l'IA en Europe.
Tensions avec les éditeurs de presse
Cependant, cette implantation intervient alors qu'OpenAI est en conflit avec la presse française. L'Alliance de la presse d'information générale (Apig) et le Syndicat des éditeurs de la presse magazine (SEPM), représentant 800 titres, souhaitent ouvrir des négociations sur l'utilisation payante de leurs contenus pour entraîner les IA.
L'entreprise derrière ChatGPT et le tout dernier modèle o1 a refusé cette approche groupée, estimant opérer dans les limites légales. La société invite plutôt les médias à s'inscrire individuellement pour refuser l'utilisation gratuite de leurs contenus. Une position jugée insuffisante par l'Apig et le SEPM, qui réclament le respect des droits de propriété intellectuelle et n'excluent pas des actions en justice. Les tribunaux français s'étant historiquement montrés très favorables aux intérêts de la presse écrite, c'est sans doute un combat perdu d'avance pour OpenAI qui va devoir affiner sa stratégie.
Ce bras de fer s'inscrit dans un contexte global où les médias cherchent à être rémunérés pour l'utilisation de leurs contenus par les géants de l'IA. Si certains titres comme Le Monde ont trouvé un accord avec OpenAI, d'autres comme le New York Times ont engagé des poursuites pour violation des droits d'auteur.
Naviguer dans un environnement régulé
Avec cette implantation en France, OpenAI devra composer avec un cadre réglementaire européen en construction. Les régulateurs travaillent à l'élaboration de règles pour encadrer l'utilisation de l'IA, avec une attention particulière aux questions éthiques et de propriété intellectuelle.
La présence d'un bureau à Paris permettra à OpenAI d'être au plus près des décideurs européens et de s'adapter à ce nouvel environnement. Un défi de taille pour la société, qui devra trouver un équilibre entre son développement et le respect des règles en vigueur.
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