Localiser et Snapchat : comment les jeunes ont normalisé la surveillance 24/24
Nadim Lefebvre
- Il y a 6 heures
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Les jeunes d'aujourd'hui partagent massivement leur localisation avec leurs amis via des applications comme Find My d'Apple, Localiser en français, transformant la façon dont une génération entière conçoit la vie privée et les relations sociales. Cette pratique, devenue quasi-normale chez la génération Z, soulève des questions sur l'évolution de notre rapport à l'intimité numérique.
Une surveillance amicale devenue quotidienne
Pour la génération Z, partager sa localisation en permanence avec ses amis n'a rien d'extraordinaire. Selon une étude de CivicScience, presque 40% des jeunes adultes de cette génération partagent leur position avec au moins trois personnes. Mais la réalité dépasse souvent ces chiffres : certains témoignages révèlent des listes de 25 à 29 contacts ayant accès à leur localisation 24h/24.
L'application Find My d'Apple joue un rôle central dans cette tendance. Conçue initialement pour retrouver ses appareils perdus, elle est détournée par les jeunes pour maintenir un lien constant avec leur cercle social. Cette utilisation massive transforme l'iPhone en véritable balise de géolocalisation sociale. Snapchat contribue également à ce phénomène avec sa fonction Snap Map, qui permet de partager sa position avec potentiellement plus de 100 contacts simultanément.

Les limites techniques qui encouragent le partage permanent
La conception de Localiser contribue involontairement à cette surveillance mutuelle. L'application ne propose que trois options de partage : pendant une heure, jusqu'à la fin de la journée, ou indéfiniment. Cette limitation pousse souvent les utilisateurs à choisir l'option permanente, particulièrement lors de sorties nocturnes où la sécurité est en jeu. Bien qu'il existe la fonctionnalité Accompagnement, elle reste peu mise en avant et marginalement utilisée.
Cette approche binaire du partage de localisation contraste avec les habitudes des générations précédentes, qui privilégient un partage ponctuel et ciblé. Pour les utilisateurs plus âgés, l'idée de laisser 25 personnes suivre leurs mouvements quotidiens reste incompréhensible. Votre fidèle rédacteur, qui fait pourtant partie de la génération Z, est de l'avis des plus âgés : pourquoi partager continuellement sa localisation ?
Paradoxalement, cette hyperconnexion peut aussi créer des tensions. Certains jeunes concernés témoignent de la douleur ressentie en voyant ses amis se retrouver au restaurant sans l'inviter, une situation qu'il n'aurait pas vécue aussi intensément sans cette technologie.
Entre sécurité et voyeurisme numérique
Si cette pratique répond à des besoins légitimes de sécurité et de coordination sociale, elle redessine profondément les contours de l'intimité. Les jeunes acceptent un niveau de surveillance mutuelle qui aurait été impensable il y a quelques années, au nom de la praticité et du lien social.
Cette évolution questionne l'avenir de la vie privée dans un monde où la géolocalisation devient un service social par défaut. Apple, en développant Find My, n'avait probablement pas anticipé cet usage détourné qui fait de chaque iPhone un tracker social permanent. Sans oublier les accessoires compatibles Localiser.
La génération Z semble avoir fait le choix conscient d'échanger une part de sa vie privée contre plus de connexion sociale et de sécurité. Et vous, est-ce que vous partagez votre localisation permanente avec vos amis ?
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