Apple renonce à l'open source pour ses modèles d'IA par peur des critiques
Nadim Lefebvre
- Il y a 9 heures
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L'intelligence artificielle demeure un terrain glissant pour Apple, qui peine à concilier ses ambitions technologiques avec sa philosophie centrée sur la vie privée. Une nouvelle enquête de The Information dévoile les tensions internes qui agitent Cupertino, révélant notamment comment la firme a renoncé à rendre ses modèles d'IA accessibles en open source.
Les dessous d'une décision stratégique controversée
Au début de 2025, l'équipe dédiée aux modèles fondamentaux d'Apple nourrissait une ambition claire : publier plusieurs de ses créations en open source. Cette démarche aurait permis de valoriser les avancées techniques de l'entreprise tout en s'appuyant sur la communauté scientifique pour perfectionner ses algorithmes. Meta avec ses modèles Llama ou Google avec certaines de ses créations ont d'ailleurs emprunté cette voie avec succès.
Cependant, Craig Federighi, le responsable des logiciels d'Apple, a tranché différemment. Dans un échange avec Ruoming Pang, ancien chef de l'équipe des modèles fondamentaux depuis recruté par Meta, Federighi a exprimé ses réticences. Sa principale crainte ? Que cette transparence révèle les compromis techniques nécessaires pour faire fonctionner l'IA directement sur iPhone, avec des performances nettement dégradées par rapport aux versions serveur.
Cette frilosité traduit un dilemme fondamental chez Apple : comment maintenir son image d'excellence technologique tout en assumant les limitations inhérentes à sa stratégie "on-device first" ? Car contrairement aux géants du cloud computing, Apple privilégie le traitement local pour préserver la confidentialité des données utilisateur.

L'approche locale, un frein à l'innovation ?
Les révélations de The Information soulèvent des questions sur l'efficacité de la stratégie d'Apple Intelligence. Plusieurs chercheurs internes estiment que cette approche bride considérablement le potentiel de leurs modèles. Un constat que Federighi lui-même aurait reconnu lors d'échanges privés.
Cette situation explique en partie l'hémorragie de talents observée récemment. Ruoming Pang n'est pas le seul à avoir quitté le navire pour rejoindre des entreprises offrant plus de liberté dans le développement d'IA avancée. Ces départs interviennent alors qu'Apple reconsidère sa stratégie, explorant même l'intégration de modèles tiers comme ceux d'OpenAI, Anthropic ou Google pour enrichir Siri.
L'ironie de la situation n'échappera à personne : Apple, qui a bâti sa réputation sur l'intégration verticale et le contrôle total de ses technologies, pourrait finalement dépendre de ses concurrents pour rattraper son retard en IA. Une remise en question qui témoigne des défis considérables auxquels fait face la firme de Cupertino dans cette course technologique cruciale.