ARM menace de révoquer la licence de conception de puces de Qualcomm

Le bras de fer entre Arm et Qualcomm prend une nouvelle tournure. Selon Bloomberg, le fabricant britannique de puces a donné un préavis de 60 jours à son partenaire de longue date pour annuler leur accord de licence architecturale. Un coup dur pour Qualcomm qui pourrait se voir privé d'une technologie clé pour ses puces mobiles.

Arm et Qualcomm : de partenaires à rivaux

Arm et Qualcomm sont deux géants de l'industrie des semi-conducteurs, mais leur relation s'est dégradée ces dernières années :

• Arm, détenu par SoftBank, conçoit l'architecture de base des puces mobiles. Il la licencie à des clients comme Qualcomm ou Apple qui l'adaptent ensuite pour leurs propres puces.
• Qualcomm domine le marché des SoC pour smartphones Android avec ses puces Snapdragon, basées jusqu'ici sur des cœurs Arm.
• Mais en 2021, Qualcomm a racheté Nuvia, une startup concevant des cœurs personnalisés basés sur Arm. Un rachat qui n'a pas plu à Arm.
• Arm a attaqué Qualcomm en justice en 2022, l'accusant d'avoir violé les termes de la licence en intégrant la technologie de Nuvia sans renégocier.

L'ultimatum d'Arm à Qualcomm

Avec ce préavis de 60 jours, Arm met la pression sur Qualcomm à l'approche de leur procès prévu en décembre. Si Qualcomm ne se plie pas aux exigences d'Arm, il pourrait devoir cesser de vendre des puces qui représentent une grande partie de ses 39 milliards de dollars de chiffre d'affaires.

Un coup dur au moment où Qualcomm vient de dévoiler le Snapdragon 8 Elite, sa première puce mobile intégrant les cœurs Oryon issus de Nuvia. Une puce très attendue pour ses gains en performances et en efficacité énergétique.

Vers une émancipation de Qualcomm ?

Mais Qualcomm ne compte pas se laisser faire. Dans un communiqué, l'entreprise dénonce "une tentative désespérée d'Arm de perturber le processus juridique" et se dit "confiante que ses droits seront confirmés".

Ce bras de fer pousse aussi Qualcomm à s'émanciper d'Arm. La firme travaille avec Google sur une nouvelle architecture open-source, RISC-V, pour ses futures puces. Un moyen de réduire sa dépendance envers son encombrant partenaire britannique.

Apple est également dépendante d'Arm puisque toutes ses puces Apple Silicon sont basées sur la technologie de l'entreprise britannique, mais les relations semblent meilleure qu'avec Qualcomm. Gageons que cela reste ainsi car la firme de Cupertino est actuellement incapable de concevoir ses propres puces de A à Z ; une dépendance qui n'est pas sans rappeler les liens entre Apple et TSMC pour la fabrication des puces.