TSMC menacé d'une amende colossale pour des puces livrées à Huawei

Le géant taïwanais de la fabrication de semi-conducteurs TSMC pourrait se voir infliger une amende colossale d'un milliard de dollars ou plus par le Département du Commerce américain. Cette sanction potentielle fait suite à une enquête concernant des puces fabriquées par TSMC qui se sont retrouvées dans les processeurs d'intelligence artificielle Ascend 910B de Huawei, entreprise chinoise placée sur liste noire par les États-Unis depuis 2020.

Une affaire de contournement des restrictions

L'enquête américaine se concentre sur la relation entre TSMC et Sophgo, une entreprise chinoise de conception de puces. Selon les sources proches du dossier, TSMC aurait fabriqué près de 3 millions de puces correspondant au design commandé par Sophgo, mais qui se sont finalement retrouvées dans les processeurs IA de Huawei. Le montant potentiel de l'amende découle des réglementations américaines qui permettent d'imposer des pénalités allant jusqu'à deux fois la valeur des transactions en infraction.

Cette situation est particulièrement problématique car l'équipement de fabrication de TSMC intègre des technologies américaines, ce qui place ses usines taïwanaises sous le coup des contrôles à l'exportation américains. Ces restrictions interdisent à TSMC de fabriquer des puces pour Huawei ou de produire certaines puces avancées pour des clients chinois sans licence américaine.

Des conséquences diplomatiques et économiques

Cette affaire survient à un moment critique pour les relations entre les États-Unis et Taïwan, alors que les deux parties entament la renégociation de leurs relations commerciales. L'administration Trump a récemment imposé des droits de douane de 32% sur les importations en provenance de Taipei, bien que les puces en soient actuellement exclues.

Pour TSMC, les enjeux sont considérables. L'entreprise a annoncé en mars à la Maison Blanche un investissement supplémentaire de 100 milliards de dollars aux États-Unis, comprenant la construction de cinq nouvelles installations de production. Une amende d'un tel montant pourrait affecter ses projets d'expansion et sa position sur le marché mondial des semi-conducteurs.

Une stratégie de contournement sophistiquée

L'affaire met en lumière les méthodes utilisées par Huawei pour contourner les restrictions américaines. L'entreprise semble utiliser des sociétés tierces qui se présentent comme des concepteurs de puces "indépendants" pour obtenir des composants fabriqués par des entreprises de classe mondiale comme TSMC. Après l'analyse de cette situation par TechInsights, une entreprise canadienne de recherche technologique qui a démonté un accélérateur IA Huawei 910B et y a trouvé une puce TSMC, le fabricant taïwanais a suspendu ses livraisons à Sophgo. En janvier, Sophgo a été placée sur la même liste de restrictions commerciales que Huawei par le Département du Commerce américain.

L'entreprise taïwanaise n'a pas vendu ses puces à Hauwei à dessein, mais s'est faite duper par les sociétés écran qui passaient commande. Les autorités américaines estiment donc que TSMC ne contrôle pas suffisamment ses clients et que la faute est à l'entreprise de semiconducteurs. Tout le débat est là.

TSMC affirme respecter la loi et coopérer avec le Département du Commerce américain, soulignant qu'elle n'a pas fourni directement Huawei depuis mi-septembre 2020. L'entreprise se trouve néanmoins victime d'un système de contournement sophistiqué qui pourrait lui coûter très cher.

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