Linux sur Mac : le créateur du projet Asahi démissionne

L'aventure Asahi Linux, qui a permis de faire fonctionner Linux sur les Mac Apple Silicon, connaît un tournant majeur. Hector Martin, le créateur et leader du projet, vient d'annoncer sa démission, citant notamment l'épuisement et des difficultés avec la communauté Linux. Une nouvelle qui remet en cause la pérennité d'Asahi Linux, alors que ce projet avait réussi l'impossible en portant Linux sur les puces Apple M1 et M2.

Un projet ambitieux confronté à de multiples obstacles

Lancé début 2021 peu après la transition d'Apple vers ses propres processeurs, Asahi Linux avait réussi l'exploit de faire fonctionner Linux sur les Mac M1 sans aucune documentation officielle d'Apple. "Les deux premières années ont été incroyables, transformant la plateforme en l'une des meilleures expériences Linux sur laptop", explique Martin. L'équipe avait réussi à offrir une expérience rivalisant avec celle des PC x86, une prouesse technique saluée par la communauté.

Cependant, le projet s'est heurté à plusieurs écueils majeurs. D'une part, les utilisateurs toujours plus exigeants réclamant sans cesse de nouvelles fonctionnalités comme le support Thunderbolt ou une meilleure autonomie. D'autre part, des tensions au sein de la communauté Linux, notamment concernant l'intégration du langage Rust dans le noyau. Martin pointe particulièrement du doigt le manque de leadership de Linus Torvalds (le créateur du noyaux Linux) sur ce sujet, ainsi que l'hostilité de certains maintainers du noyau Linux.

Quel avenir pour Asahi Linux ?

Malgré le départ de son créateur, le projet devrait continuer son développement. L'équipe restante se concentrera sur plusieurs objectifs clés pour 2025 :

• L'intégration des pilotes M1/M2 directement dans le noyau Linux (upstreaming)
• L'amélioration des tests
• Le développement de nouvelles fonctionnalités comme le DisplayPort alt mode ou le support DirectX 12
• Le support du microphone interne, prévu dans les prochains jours

En revanche, le support complet des Mac M3 et M4 n'est pas une priorité immédiate. L'équipe préfère consolider les bases existantes pour assurer la pérennité du projet.

Cette situation rappelle étrangement le départ en 2011 de Con Kolivas, un autre développeur majeur du noyau Linux. Elle souligne aussi la difficulté croissante pour les projets communautaires de survivre face aux enjeux corporatifs du développement Linux moderne. Pour les utilisateurs d'Apple Silicon souhaitant faire tourner Linux, l'aventure continue, mais à un rythme qui pourrait être plus modéré dans les mois à venir. A moins qu'Apple décide de supporter officiellement Linux sur ses Mac, comme c'était le cas avec l'architecture Intel x86.

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