Steam et Itch.io contraints de bloquer des jeux face à leur "pornification"

Une nouvelle vague de censure touche les principales plateformes de distribution de jeux PC depuis la mi-juillet. Après Steam, c'est au tour d'Itch.io de procéder à un déréférencement massif de contenus jugés sensibles, suite aux pressions exercées par les prestataires de paiement comme Visa et Mastercard.

Une campagne orchestrée depuis l'Australie

L'origine de cette situation remonte à une offensive menée par le collectif australien Collective Shout. Cette association, qui se présente comme un groupe de lutte contre "la pornification de la culture", a adressé en avril une lettre ouverte aux principales sociétés de paiement. Leur objectif : contraindre ces dernières à cesser leur collaboration avec Steam et Itch.io, accusées d'héberger des contenus mettant en scène violences sexuelles et inceste.

La stratégie s'avère redoutablement efficace. En s'attaquant directement aux flux financiers, Collective Shout reproduit une méthode déjà éprouvée contre Pornhub en 2020 ou plus récemment avec OnlyFans. Cette approche exploite la frilosité historique du secteur bancaire vis-à-vis de l'industrie du divertissement pour adultes, considérée comme présentant des risques élevés de fraude.

Des conséquences dévastatrices pour les créateurs indépendants

La réaction de ces plateformes témoigne de leur dépendance critique aux systèmes de paiement traditionnels. Leaf Corcoran, fondateur d'Itch.io, justifie cette décision par la nécessité de "protéger l'infrastructure de paiement fondamentale de la plateforme". Sans ces prestataires, impossible de faire fonctionner une boutique en ligne.

Mais cette purge s'avère particulièrement brutale et indiscriminée. Au-delà des contenus effectivement problématiques, de nombreux jeux LGBT+ ou traitant simplement de relations amoureuses entre adultes ont été déréférencés. Des créateurs voient leurs revenus bloqués du jour au lendemain, transformant ce qui devait être une mesure ciblée en "catastrophe financière" pour l'écosystème indépendant.

L'ironie veut qu'Apple, souvent critiqué pour sa politique stricte sur l'App Store, n'a jamais eu à subir de telles pressions externes. La firme de Cupertino contrôle entièrement sa chaîne de paiement et peut ainsi maintenir ses propres standards sans intervention extérieure, contrairement à ces plateformes PC dépendantes de tiers.

Nintendo fait face aux mêmes critiques dans son store. Avec des fausses promotions sur des jeux très suggestifs — parfois mis en avant sur la page d'accueil — l'entreprise japonaise subit les mêmes griefs d'autant que sa plateforme est très utilisée par les plus jeunes. Avec la sortie de la Nintendo Switch 2, l'éditeur a promis qu'il ferait le ménage sans résultat pour le moment.

Cette affaire révèle les limites de l'autonomie supposée du gaming sur PC face aux géants financiers américains, soulevant des questions sur la nécessité d'alternatives européennes comme le système Wero en développement. Aussi, la cryptomonnaie pourrait être une excellente alternative, car c'est le seul système de paiement qui ne peut ségréguer aucun service.