SFR à vendre : le choc des opérateurs
- 👨 Alexandre Godard
- Il y a 10 heures
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Un retour historique à 3 opérateurs
En février 2025, Altice France a conclu un accord avec ses créanciers pour réduire sa dette de 8,6 milliards d’euros, ramenant l’endettement net consolidé à 15,5 milliards d’euros. En échange, les créanciers ont obtenu 45 % du capital de SFR, laissant à Patrick Drahi une participation de 55 % via Altice Group Lux.
Cette restructuration s’inscrit dans une série de cessions d’actifs non stratégiques amorcée dès 2023, incluant la vente d’Altice Media, des datacenters et de la participation dans La Poste Mobile. La cession d’XP Fibre est également envisagée.
Performances en déclin
SFR fait face à une érosion de sa base clientèle, avec une perte de plus d’un million d’abonnés mobiles en 2023. Une chute qui s'accentue d'année en année. Malgré un réseau 5G opérationnel, les indicateurs de satisfaction client restent inférieurs à ceux de ses concurrents. La marque souffre également d’une perception négative, héritée des conflits passés avec l’ARCEP et des plans sociaux entre 2020 et 2022.
Scénarios de cession envisagés
Plusieurs options sont à l’étude pour la cession de SFR : une vente directe, une cession par blocs d’actifs ou une répartition entre plusieurs acteurs. Orange, Bouygues Telecom et Free (Iliad) ont exprimé leur intérêt, tout en considérant les contraintes réglementaires liées à une consolidation du marché.
Des investisseurs étrangers, tels que STC (Arabie Saoudite) et Etisalat (Émirats Arabes Unis), auraient également manifesté leur intérêt pour une participation minoritaire ou le rachat de filiales spécifiques.
Valorisation et perspectives
Patrick Drahi viserait une valorisation de SFR entre 20 et 25 milliards d’euros. Cependant, plusieurs analystes estiment ce montant excessif, compte tenu de l’endettement résiduel et des besoins d’investissements futurs.
Le calendrier politique, avec l’élection présidentielle de 2027 en ligne de mire, pourrait influencer les décisions à venir, le gouvernement souhaitant éviter des opérations aux effets potentiellement sensibles sur l’emploi et l’aménagement numérique du territoire.
Conclusion
La possible cession de SFR par Patrick Drahi marque un tournant majeur dans le paysage des télécoms français. Entre désendettement stratégique et repositionnement industriel, cette opération pourrait redessiner durablement l’architecture concurrentielle du secteur.
Si un rachat de SFR par un concurrent comme Bouygues Telecom, Free ou Orange venait à se concrétiser, la France pourrait passer de quatre à seulement trois grands opérateurs nationaux. Une telle consolidation soulèverait inévitablement des questions de concurrence, de maintien des prix pour les consommateurs et d’accès équitable aux services sur tout le territoire. Elle pourrait également entraîner des restructurations internes et des suppressions d’emplois, alimentant le débat politique et social autour de l’avenir du numérique en France.
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