Bouygues Telecom attaque Free en justice pour publicité mensongère sur le Wi-Fi 7
Nadim Lefebvre
- Il y a 5 heures
- 💬 3 coms
- 🔈 Écouter
La guerre des opérateurs français prend un nouveau tournant avec une action en justice intentée par Bouygues Telecom contre Free. L'enjeu : le Wi-Fi 7 de la Freebox Ultra, que Bouygues qualifie de publicité mensongère. Cette affaire, révélée par L'Informé, met en lumière la concurrence féroce sur le marché français des télécommunications, où l'innovation technologique est devenue un argument commercial de poids.
Une certification Wi-Fi 7 au cœur du litige
En janvier 2024, Xavier Niel présentait fièrement la Freebox Ultra comme "la première box au monde équipée du Wi-Fi 7", vantant des performances exceptionnelles avec des débits "jusqu'à cinq fois plus rapides qu'avec le Wi-Fi 6" et la possibilité de connecter simultanément jusqu'à 100 appareils. Un argument marketing puissant pour séduire les consommateurs toujours plus gourmands en bande passante.
Mais selon Bouygues Telecom, qui a déposé plainte en septembre 2024 devant le tribunal de commerce de Paris, cette affirmation serait trompeuse. L'opérateur concurrent affirme que la Freebox Ultra et ses répéteurs n'ont jamais obtenu la certification officielle Wi-Fi 7 délivrée par la Wi-Fi Alliance, organisme qui standardise cette technologie.
Le cœur du problème technique réside dans l'utilisation des bandes de fréquence. Le Wi-Fi 7 complet repose sur trois bandes (2,4 GHz, 5 GHz et 6 GHz), cette dernière étant cruciale pour atteindre les débits maximum promis. Bouygues Telecom affirme que les équipements de Free ne répondent pas pleinement aux critères de cette nouvelle norme, notamment en ce qui concerne les répéteurs qui seraient seulement bi-bande, sans la fréquence 6 GHz.

Dénigrement et riposte commerciale
L'action en justice ne se limite pas à la question de la certification. Bouygues Telecom se dit également victime de dénigrement, reprochant à Xavier Niel d'avoir moqué les choix stratégiques de ses concurrents lors de la présentation de la Freebox Ultra. Le fondateur de Free avait alors rappelé des déclarations d'anciens dirigeants d'opérateurs concurrents qui jugeaient inutile de proposer du 10 Gigabits/s, les qualifiant ironiquement de "vrais Nostradamus" et ajoutant qu'ils n'étaient "plus là aujourd'hui".
La réponse de Bouygues ne s'est pas fait attendre sur le plan commercial. En janvier dernier, lors du lancement de sa Bbox Ultym WiFi 7, Benoît Torloting, directeur général de Bouygues Telecom, a insisté sur le fait que sa box proposait "un vrai Wi-Fi 7, contrairement à ce qui se fait par ailleurs" — une pique à peine voilée dirigée contre Free.
Pour l'instant, seuls Free et Bouygues Telecom proposent des box Wi-Fi 7 sur le marché français. Orange prévoit de lancer son offre cette année, tandis que SFR semble également y travailler. Le montant des dommages et intérêts demandés par Bouygues Telecom reste inconnu et les deux opérateurs n'ont pas encore commenté officiellement cette affaire. A noter que ce n'est pas la première fois que Bouygues Telecom attaque Free en justice ; elle l'a déjà fait il y a quelques mois pour des pratiques commerciales jugées trompeuses sur l'offre Free Flex qui permet de louer et acquérir des smartphones.
Source