Meta va alléger la modération de contenus et abandonne le fact-checking
- Nadim Lefebvre
- Hier à 21:53 (Màj il y a 8 heures)
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En ce début d'année 2025, Meta opère un virage majeur dans sa stratégie de modération des contenus sur ses plateformes Facebook, Instagram et WhatsApp. L'entreprise de Mark Zuckerberg annonce plusieurs changements significatifs visant à favoriser une plus grande liberté d'expression, dans un contexte politique particulier avec le retour imminent de Donald Trump à la Maison Blanche. En clair, Meta copie X.
La fin de la vérification des faits par des tiers
Meta met fin à son programme de fact-checking externe lancé en 2016, pour adopter un système de "Community Notes" similaire à celui utilisé sur X (ex-Twitter). Mark Zuckerberg justifie ce changement en pointant du doigt les biais politiques des fact-checkers :
Les fact-checkers ont détruit plus de confiance qu'ils n'en ont créé, particulièrement aux États-Unis.
Le nouveau système permettra à la communauté elle-même de signaler les contenus potentiellement trompeurs et d'ajouter du contexte, avec la nécessité d'un consensus entre différentes perspectives pour valider ces annotations.
L'entreprise va également alléger ses restrictions sur plusieurs sujets considérés comme faisant partie du "discours mainstream", notamment l'immigration et l'identité de genre.
La modération automatique sera désormais concentrée sur les violations graves comme le terrorisme, l'exploitation des enfants ou le trafic de drogue à grande échelle. Pour les infractions moins graves, Meta attendra plusieurs signalements avant d'agir. Joel Kaplan, nouveau directeur des affaires mondiales, reconnaît que la société a fait "trop d'erreurs" dans sa modération, estimant qu'entre 10 et 20% des contenus supprimés ne violaient en réalité pas les règles. Voilà qui devrait permettre d'entendre d'autres voix sur les réseaux du groupe.
Un rapprochement stratégique avec l'administration Trump
Ces changements s'inscrivent dans une volonté claire de Meta de se rapprocher de la future administration Trump. L'entreprise déménage ses équipes de modération de Californie vers le Texas, et Mark Zuckerberg a déclaré vouloir "travailler avec le président Trump" pour lutter contre la censure gouvernementale à travers le monde. Cette réorientation se manifeste également dans la gouvernance de Meta, avec la nomination récente de nouveaux membres au conseil d'administration, dont Dana White, soutien connu de Donald Trump.
Cette nouvelle direction suscite déjà des réactions contrastées. Si certains y voient un retour bienvenu à plus de liberté d'expression, d'autres, comme l'organisation Public Citizen, s'inquiètent : "Demander aux utilisateurs de vérifier eux-mêmes les faits revient à dire que la vérité n'a pas d'importance". Une chose est sûre : ces modifications auront un impact significatif sur la circulation de l'information sur les plateformes de Meta, qui comptent des milliards d'utilisateurs à travers le monde.
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