"Apple n'innove plus" : Zuckerberg règle ses comptes avec Apple
- Nadim Lefebvre
- Il y a 3 heures (Màj il y a 3 heures)
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Entre Apple et Meta, la guerre est loin d'être terminée. Mark Zuckerberg vient de livrer une critique cinglante de la firme à la pomme lors d'une interview fleuve avec Joe Rogan. Le PDG de Meta n'y est pas allé de main morte, pointant du doigt le manque d'innovation d'Apple et ses pratiques commerciales qu'il juge anticoncurrentielles. Une sortie médiatique qui illustre les tensions croissantes entre ces deux géants de la tech.
Apple accusée de vivre sur ses acquis
"Ils n'ont rien inventé de génial depuis un moment", a déclaré sans détour Mark Zuckerberg. "C'est comme si Steve Jobs avait inventé l'iPhone et qu'ils se contentaient de se reposer dessus 20 ans plus tard." Une critique frontale qui s'accompagne d'une analyse plus poussée du modèle économique d'Apple. Selon le patron de Meta, les mises à jour incrémentales de l'iPhone conduisent les consommateurs à conserver leurs appareils plus longtemps, ce qui impacterait négativement les ventes.
Pour compenser ce ralentissement présumé, Zuckerberg accuse Apple de multiplier les sources de revenus alternatives : "Ils le font essentiellement en oppressant les gens et en imposant cette taxe de 30% aux développeurs." Une référence directe à la commission controversée prélevée par Apple sur les transactions de l'App Store, mais aussi à la stratégie de multiplication des accessoires comme les AirPods.
Le créateur de Facebook n'hésite pas à remettre en question la sincérité d'Apple concernant ses arguments de sécurité et de confidentialité :
Chaque fois que vous insistez là-dessus, ils deviennent très susceptibles et ils se défendent en disant que si nous laissons d'autres entreprises se connecter à notre truc, cela violerait la vie privée et la sécurité des gens. En fait, pas du tout, il suffirait qu'ils élaborent une meilleure conception du protocole.
Un écosystème verrouillé qui étouffe la concurrence
Le PDG de Meta illustre son propos avec plusieurs exemples concrets. Il évoque notamment les difficultés rencontrées avec les Ray-Ban Smart Glasses : "Nous leur avons notamment demandé pour les lunettes Meta Ray-Ban que nous avons construites : pouvons-nous utiliser le protocole que vous utilisez pour les AirPods [...] pour que nous puissions nous connecter aussi facilement ?" Une demande qui s'est heurtée à un refus catégorique d'Apple.
Zuckerberg dénonce particulièrement le protocole propriétaire utilisé par les AirPods, qu'Apple refuse de partager avec les concurrents. "Ils fabriquent des produits comme les AirPods, qui sont cool, mais ils ont complètement entravé la capacité de quiconque à fabriquer quelque chose qui puisse se connecter à l'iPhone de la même manière", explique-t-il. Selon lui, cette stratégie de verrouillage empêche l'émergence de meilleurs produits concurrents.
Une rivalité qui s'intensifie dans le métavers
La bataille entre les deux géants s'étend désormais au domaine de la réalité mixte. Même le Vision Pro, vendu à 3500$, n'échappe pas aux critiques de Zuckerberg qui le compare à son Quest 3 commercialisé à 500$ : "C'est une bonne démonstration technologique, mais clairement ça n'allait pas très bien fonctionner à ce prix." Il concède néanmoins que les versions futures du casque d'Apple pourraient s'améliorer, reconnaissant qu'il s'agit de "l'une des plus grandes innovations qu'ils ont essayées depuis un certain temps."
Cette sortie médiatique s'inscrit dans un contexte plus large de tensions entre les deux entreprises. La fonctionnalité App Tracking Transparency d'Apple, introduite avec iOS 14.5, avait déjà coûté plusieurs milliards de dollars de revenus publicitaires à Meta. Les chiffres parlent d'eux-mêmes : les revenus publicitaires de Meta sont passés de 114,93 milliards de dollars en 2021 à 113,64 milliards en 2022, avant de rebondir à 131,95 milliards en 2023.
Zuckerberg estime que sans les restrictions d'Apple, Meta pourrait "doubler son chiffre d'affaires ou quelque chose comme ça" selon ses calculs approximatifs. Malgré ces critiques acerbes, Meta reste largement dépendant de l'écosystème Apple pour une grande partie de ses activités. Une situation qui illustre parfaitement la complexité des relations entre les géants de la Silicon Valley, à la fois partenaires contraints et concurrents acharnés.
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