Meta : toujours allergique à la vie privée en 2025 (surtout sur Android)
Alexandre Godard
- Il y a 2 jours
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Meta est de nouveau au cœur d’une controverse sur la vie privée. L’entreprise a récemment suspendu un outil de suivi intégré à ses applications Android, après des révélations inquiétantes sur une méthode capable de contourner les protections des utilisateurs.
Meta suspend un outil de suivi controversé sur Android
Meta (maison-mère de Facebook, WhatsApp et Instagram) a récemment désactivé une méthode de suivi sophistiquée utilisée dans ses applications Android, après que des chercheurs européens ont mis en lumière un mécanisme capable de contourner les protections de confidentialité des smartphones. Ce système exploitait une faille technique dans l’architecture des applications mobiles : l’usage des connexions locales via le « localhost ». Grâce à cette méthode, les applications de Meta pouvaient intercepter des données de navigation provenant de navigateurs web mobiles, y compris en mode incognito ou via VPN, en collectant des informations via des scripts tels que Meta Pixel ou Yandex Metrica présents sur de nombreux sites web.
Les chercheurs de plusieurs institutions – dont IMDEA Networks, l’université Radboud et KU Leuven – ont découvert que Meta utilisait ces connexions locales pour relier des activités de navigation web à des profils d’utilisateurs. Cette pratique violerait les politiques de Google Play qui interdisent la collecte de données sensibles sans consentement explicite. À la suite de cette révélation, Meta a rapidement retiré le code incriminé de ses applications tout en déclarant qu’il s’agissait d’une suspension temporaire, dans l’attente de clarifications sur les politiques de Google.

Ce nouvel épisode relance la polémique sur le respect de la vie privée chez Meta, une entreprise régulièrement pointée du doigt pour ses pratiques intrusives en matière de données personnelles. Le scandale Cambridge Analytica en 2018 – où des données de dizaines de millions d’utilisateurs ont été exploitées sans consentement pour influencer des élections – reste encore dans les mémoires. Depuis, Meta a multiplié les promesses de transparence et de respect de la vie privée, mais les critiques persistent.
De nombreuses enquêtes ont révélé que la firme continuait de collecter des données même lorsque les utilisateurs pensaient avoir désactivé le suivi. Par ailleurs, le recours massif aux pixels de suivi, aux cookies tiers et aux identifiants d’appareils a souvent contourné les mesures mises en place par les systèmes d’exploitation ou les navigateurs pour renforcer la confidentialité.
Cette affaire met en lumière l’écart entre les déclarations publiques de Meta et certaines de ses pratiques techniques en coulisse. Alors que l’industrie technologique est sous pression réglementaire accrue, en particulier dans l’Union européenne avec le RGPD et le DMA (Digital Markets Act), Meta devra sans doute faire davantage que suspendre temporairement ses outils si elle souhaite regagner la confiance du public et des autorités.
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