L’échec de la taxe française anti-Amazon sur les livres

amazon fr icone app ipa iphone ipadDepuis 2023, acheter un livre en ligne coûte systématiquement 3 euros de plus. Censée protéger les librairies, cette mesure a surtout réussi à détourner les Français de la lecture. Bilan après deux ans : 100 millions d’euros sortis des poches des lecteurs, des ventes en chute libre, et des librairies indépendantes toujours en difficulté.

Une loi française contre-productive estimée à plus de 100 millions d'euros pour les consommateurs

Depuis deux ans, la France applique une mesure unique en Europe : des frais de port minimum obligatoires de 3 euros pour tout achat de livres en ligne inférieur à 35 euros. Cette politique, baptisée loi Darcos, visait à protéger les libraires physiques de la concurrence des géants du commerce en ligne. Mais les résultats sont sans appel et bien éloignés des objectifs annoncés.

Le premier constat est financier et accablant. Les lecteurs français ont collectivement payé plus de 100 millions d’euros en frais de port obligatoires depuis l’entrée en vigueur de la loi. Cette somme représente l’équivalent de 12 millions de livres de poche qui n’ont pas été achetés, soit 3 % du chiffre d’affaires annuel de l’édition française. Selon une enquête Ifop, plus de la moitié des lecteurs ont réduit leurs achats de livres neufs à cause de ces frais supplémentaires.

Les chiffres de vente confirment cette tendance alarmante. Le marché français du livre a reculé de 3 % en volume pour la deuxième année consécutive en 2024, affichant la pire performance de l’Union européenne. Plus inquiétant encore, le nombre d’acheteurs de livres neufs a chuté de 10 % en seulement un an. La France se distingue ainsi comme le seul pays européen où la lecture recule aussi fortement.

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Cette mesure pénalise particulièrement les populations les plus éloignées de l’offre culturelle. Les 22 millions de Français vivant en zones rurales, ainsi que les habitants des 90 % de communes dépourvues de librairie, se retrouvent doublement punis. Ils doivent désormais choisir entre payer des frais de port supplémentaires ou renoncer à leurs achats de livres. Les ménages modestes, déjà fragilisés par l’inflation, sont les premiers touchés par cette hausse des prix.

Paradoxalement, cette taxe déguisée n’a pas profité aux librairies indépendantes qu’elle était censée protéger. Quand les lecteurs se déplacent en magasin pour éviter les frais de port, seulement 26 % choisissent une librairie indépendante, tandis que 70 % se tournent vers les hypermarchés et les grandes chaînes culturelles. Les ventes en librairie ont continué de baisser en 2024, et la création de nouvelles librairies a nettement ralenti après deux années record.

Les petits éditeurs indépendants et les auteurs émergents sont également victimes collatérales de cette politique. Ces acteurs s’appuient massivement sur les ventes en ligne pour toucher leur public. En renchérissant artificiellement le coût d’achat, la loi limite leur visibilité et leur viabilité économique, fragilisant ainsi toute la chaîne du livre.

Face à ce bilan décevant, certains pays européens ont choisi des approches plus équilibrées. L’Espagne, par exemple, a récemment mis en place des tarifs postaux préférentiels pour l’envoi de livres. Résultat : les ventes ont progressé de 6 % en un an, démontrant qu’il est possible de soutenir l’ensemble de la filière sans pénaliser les lecteurs ni opposer commerce physique et vente en ligne.

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1 réaction

Richelieu - iPhone premium

Ça ne m’empêche absolument pas d’en acheter sur Amazon en tout cas

10/12/2025 à 13h27

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