Apple sous pression : Meta et Spotify lancent une coalition pour défier l’App Store
- 👨 Nadim Lefebvre
- Hier à 20:53
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Une coalition inédite pour redistribuer les responsabilités
Sous l’appellation "Coalition for a Competitive Mobile Experience", Meta (maison mère de Facebook et Instagram), Spotify, et Match Group (Tinder, Meetic) entendent peser dans les débats législatifs à venir. Leur objectif principal ? Convaincre les législateurs fédéraux et étatiques que ce sont Apple (iOS) et Google (Android), et non les développeurs, qui doivent porter la responsabilité de vérifier l’âge des utilisateurs souhaitant télécharger des applications. Le mouvement a été lancé alors que des lois, comme celle de l’Utah récemment adoptée, exigent désormais des app stores la mise en place de garde-fous pour empêcher l’accès des mineurs à des contenus inappropriés. D’autres États américains et même le Congrès préparent des textes similaires.
Ce positionnement n’est pas nouveau : Apple et Google estiment de leur côté que ce sont aux développeurs d’intégrer les mécanismes de vérification, puisqu’ils traitent directement avec les utilisateurs. Mais les membres de la nouvelle coalition rappellent que les plateformes ont la capacité technique et la responsabilité unique d’imposer des règles cohérentes à l’échelle mondiale.
Apple face à la pression : entre sécurité des enfants et accusations d’abus de position dominante
Apple n’est pas restée sourde : la firme déploie progressivement de nouveaux outils, comme l’API "Declared Age Range", permettant aux apps de vérifier et d’adapter le contenu en fonction de l’âge déclaré de l’utilisateur. La politique de Cupertino vise à renforcer la sécurité des enfants sur iPhone et iPad, via des restrictions par défaut et des alertes pour les comptes enfants. Mais pour beaucoup, le compte n’y est pas : certaines associations de protection de l’enfance estiment que les dispositifs restent trop faciles à contourner, tandis que la gestion des données sensibles soulève des questions de confidentialité.
Au-delà de la question de l’âge, la coalition s’attaque aussi aux pratiques anti-concurrentielles dénoncées de longue date (commission de 15 à 30 % sur les achats in-app, obligation d’utiliser le système de paiement Apple, restrictions sur les app stores alternatifs…). Le contexte judiciaire actuel – l’administration américaine ayant poursuivi Apple et Google pour abus de position dominante – donne à la coalition un levier supplémentaire pour demander une réforme en profondeur du marché mobile.
L’écosystème Apple à l’heure des grands choix
Pour Apple, la bataille se joue sur plusieurs fronts : image de marque sur la protection des mineurs, pression des États-Unis mais aussi de l’Union européenne avec le DMA qui ouvre la voie à des alternatives à l’App Store, et maintien d’un écosystème fermé garantissant – selon Apple – sécurité et simplicité. Les prochains mois s’annoncent décisifs, tant sur le plan législatif que commercial. Apple devra sans doute revoir certains équilibres, entre exigences réglementaires, revendications des éditeurs et attentes de ses utilisateurs.
Cette mobilisation inédite des géants du web montre que la régulation de l’accès des mineurs et la quête d’un marché plus ouvert sont devenues des enjeux centraux pour l’ensemble de l’industrie mobile. Et, comme souvent, c’est Apple qui cristallise les débats.
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