Google perd son bras de fer avec l'UE et écope de 2,7 milliards d'amende
- Nadim Lefebvre
- Il y a 23 jours
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Après 7 ans de bataille judiciaire, Google vient de subir un revers cuisant devant la plus haute cour européenne. La Cour de Justice de l'Union Européenne (CJUE) a en effet confirmé l'amende record de 2,7 milliards d'euros infligée au géant américain en 2017 pour abus de position dominante. Une décision qui s'ajoute aux 13 milliards d'euros qu'Apple doit rembourser à l'Irlande, faisant de cette journée un grand cru pour la Commission Européenne et sa commissaire à la Concurrence Margrethe Vestager.
Google Shopping au coeur des accusations
Tout commence en 2017 quand la Commission Européenne, à l'issue d'une longue enquête, accuse Google d'avoir favorisé son propre comparateur de prix, Google Shopping, au détriment de services concurrents. Selon Bruxelles, le mastodonte de Mountain View a abusé de sa position ultra dominante dans la recherche (plus de 90% de parts de marché) pour mettre en avant son outil, tout en rétrogradant les rivaux dans les pages de résultats. Un avantage déloyal qui a permis à Google Shopping de prendre rapidement l'ascendant, portant préjudice à la fois aux autres comparateurs et aux consommateurs privés d'un vrai choix concurrentiel.
Google avait fait appel de cette décision et de l'amende de 2,4 milliards d'euros qui l'accompagnait, la plus élevée jamais imposée par Bruxelles. Mais en vain : en 2021, le Tribunal de l'UE avait une première fois confirmé la sanction. Restait un ultime recours devant la CJUE. C'est désormais chose faite et l'addition est salée pour Google qui va devoir régler son ardoise. Au total, la firme de Sundar Pichai a écopé de plus de 8 milliards d'euros d'amendes sur le Vieux Continent, sans compter les enquêtes encore en cours sur Android et AdSense.
La fin d'une ère pour la Commission ?
Cette décision est un nouveau succès pour Margrethe Vestager, la commissaire à la Concurrence qui n'a cessé de batailler contre les GAFAM et leurs pratiques jugées anticoncurrentielles. Un bilan qu'elle pourra faire valoir alors qu'elle quittera son poste d'ici la fin de l'année, son pays le Danemark ne proposant pas de candidat pour lui succéder. Celle qui a tenu tête aux géants de la Silicon Valley lorgne désormais la direction de la Banque Européenne d'Investissement. Reste à savoir si son ou sa remplaçante saura se montrer aussi pugnace et déterminé(e) face aux mastodontes américains et chinois.
Si Google peut se targuer d'avoir changé ses pratiques depuis 2017 pour se conformer aux exigences européennes, il n'en paie pas moins aujourd'hui le prix fort de sa domination sans partage. Un avertissement pour tous les acteurs en position hégémonique : abuser de son pouvoir a un coût, et l'Europe veille au grain. Même si l'avenir de sa politique de concurrence s'écrit désormais sans sa figure de proue.