Les réseaux sociaux deviennent la principale source d’info aux États‑Unis
Alexandre Godard
- Hier à 19:01
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Pour la première fois, les réseaux sociaux dépassent la télévision comme principale source d’information aux États-Unis. Cette évolution marque un tournant majeur dans la manière dont les Américains s’informent au quotidien.
Les réseaux sociaux deviennent la principale source d’info aux États‑Unis
C’est une première historique : en 2025, les réseaux sociaux ont officiellement dépassé la télévision comme principale source d’information aux États-Unis. Selon le dernier rapport du Reuters Institute for the Study of Journalism, 54 % des adultes américains déclarent s’informer via les réseaux sociaux, contre 50 % qui citent encore la télévision. La consultation hebdomadaire de vidéos d’actualité en ligne a elle aussi bondi, atteignant 72 % cette année contre 55 % en 2021, avec une forte domination des contenus partagés sur les applications sociales.
Ce changement profond est porté en grande partie par les jeunes générations. Chez les 18‑24 ans, la vidéo supplante désormais clairement le texte écrit. TikTok, Instagram, YouTube ou encore Snapchat sont devenus des plateformes d’accès à l’actualité, au même titre que les médias traditionnels. Cette évolution s’accompagne d’un glissement de la confiance : les jeunes Américains tendent à accorder plus de crédit aux créateurs de contenu ou aux personnalités visibles en ligne qu’aux grandes rédactions.
Cette transition s’explique aussi par une défiance croissante envers les canaux classiques d’information. Une partie du public considère les médias institutionnels comme biaisés ou élitistes, et préfère se tourner vers des plateformes perçues comme plus libres et variées. Cela renforce l’attrait des réseaux, où chacun peut choisir ses sources, suivre des voix indépendantes et s’informer à travers des formats adaptés à son rythme de vie.

Les outils d’intelligence artificielle jouent également un rôle grandissant. De plus en plus de jeunes consultent chaque semaine des assistants comme ChatGPT ou Gemini pour s’informer. Entre 12 et 15 % des moins de 25 ans utilisent déjà ces outils pour rester à jour sur l’actualité, ce qui pourrait accentuer le recul du trafic vers les sites d’information classiques.
Mais cette nouvelle ère soulève aussi de nombreuses inquiétudes. Près de trois quarts des Américains se disent préoccupés par leur capacité à distinguer les vraies informations des fausses en ligne. Beaucoup pointent les influenceurs et les personnalités politiques comme premières sources de désinformation. L’algorithme des plateformes privilégie l’engagement à la rigueur journalistique, ce qui peut favoriser la viralité de contenus trompeurs ou polarisants.
En parallèle, les médias traditionnels peinent à tirer profit de cette bascule. Si leurs contenus sont encore relayés sur les réseaux, les revenus générés profitent davantage aux plateformes elles-mêmes. Les éditeurs doivent donc repenser leur modèle, créer du contenu adapté au mobile et aux réseaux tout en essayant d’attirer le public vers leurs propres sites ou applications.
Enfin, un phénomène inquiétant se renforce : celui de l’évitement de l’actualité. Environ 40 % des gens dans le monde, et jusqu’à 46 % au Royaume‑Uni par exemple, évitent activement de suivre l’actualité, souvent à cause de son aspect anxiogène. Les réseaux, en proposant des contenus plus légers et personnalisés, peuvent renforcer cette tendance.
Au niveau mondial, on observe des dynamiques similaires : YouTube est utilisé par 30 % des internautes pour l’actualité, Facebook par 36 %, Instagram et WhatsApp par 20 %, TikTok par 16 % et X (anciennement Twitter) entre 12 et 23 %.