Citizen Jobs au théâtre ? A éviter...
- Victor Sauvage
- Il y a 10 ans (Màj il y a 9 ans)
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Si vous n'êtes pas un fan absolu de théâtre contemporain, du metteur en scène Jean-François Peyret, ou de l'acteur néerlandais Jos Houben, n'allez surtout pas voir Citizen Jobs au Centquatre à Paris. Vous risqueriez de vous sentir lésés.
Pour 20 € en plein tarif, vous aurez droit a un monologue sans queue ni tête de plus d'une heure, entre un français mal maîtrisé et un anglais inutile. Un vrai calvaire où l'interprétation loufoque donnerait presque des fous rire nerveux, malgré le sujet pourtant très vendeur.
Si vous lisez iPhoneSoft régulièrement, vous n'apprendrez absolument rien sur le co-fondateur d'Apple et si vous aimez les nouvelles technologies, ne vous emballez pas. "L'effet spécial" le plus impressionnant consiste en une pomme tenue en l'air par un fil invisible. Super...
Pour vous donner un peu une idée de l'oeuvre en question, voici la présentation sur le site du Centquatre, qui accueille cette pièce jusqu'au 15 mars. Si vous ne comprenez pas grand-chose à ce texte, vous n'êtes pas le seul :
"Cherchez la pomme. Et observez-là comme un autre Rosebud, cette vraie-fausse clef de Citizen Kane. Chez Jean-François Peyret, le J. de Jobs, Steve de son prénom, le défunt guide-gourou d'Apple, fait écho au K. de Charles Foster Kane. Si la créature de Welles incarnait l'Amérique de la presse, Jobs serait sa propre créature, un produit dérivé du numérique.
Dans la pomme de cristal adoptée par Jobs, Peyret a vu se décliner les mythes d'une sainte écriture américaine. Celle de l'accomplissement personnel. Passent le bricoleur dans son garage, le hippie cherchant la vérité en Inde, l'entrepreneur prophétique rebondissant malgré les échecs, le boss colérique, le designer raffiné dopé au Bauhaus, le milliardaire secret.
Celui qu'il nomme tantôt le "Che de la Silicon Valley" et tantôt le "James Dean" manie comme nul autre l'art du marketing. Il est une star du music-hall vidéo-planétaire. Un acteur dosant habilement le suspense des keynotes. De quoi susciter la curiosité d'un autre acteur, Jos Houben, maître de l'art du rire, qui accompagnait déjà Peyret dans cet autre tome de la légende américaine, le Walden de Citizen Thoreau - un texte de référence pour Jobs. Entre Jos et Jobs, nul risque de confusion, pas l'ombre d'une incarnation projetée dans le flux d'un biopic théâtral, mais l'élaboration d'un geste juste pour une geste nourrie par l'art critique du comédien, la mise en route d'une machine-corps exceptionnelle, qui vient en quelque sorte, prendre l'homme à la pomme par le travers, à l'abordage.
Pour être tout à fait complet, il faut tout de même souligner que le magazine en ligne Théâtre-on-Line a fait de cette pièce son Coup de coeur, voici un extrait de la présentation :
"Entre Jos et Jobs, nul risque de confusion, pas l'ombre d'une incarnation projetée dans le flux d'un biopic théâtral, mais l'élaboration d'un geste juste pour une geste nourrie par l'art critique du comédien, la mise en route d'une machine-corps exceptionnelle, qui vient en quelque sorte, prendre l'homme à la pomme par le travers, à l'abordage."
Pourtant, lors de la représentation de mercredi, les silences gênants ont été nombreux, au moment où l'acteur s'attendait très certainement à des applaudissements. Preuve de l'accueil très frais du public, malgré des applaudissements polis en fin de spectacle.