La simplicité d'Apple en voie de disparition ?
- Raphaël Garagnon
- Il y a 9 ans (Màj il y a 9 ans)
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Pendant longtemps, Apple pouvait utiliser la simplicité comme un argument de vente. Il faut dire que Steve Jobs y mettait un point d'honneur. Notre génie charismatique malgré sa grande richesse vivait lui-même dans un environnement dénudé du superflu et il n'était pas question qu'il en soit différemment pour sa marque.
Depuis la disparition de son fondateur, la marque a évolué pour le meilleur ... et pour le pire. Ken Segall qui a longtemps travaillé avec Steve Jobs et a qui l'on doit la célèbre campagne Think Different a déclaré dans The Guardian que la simplicité d'Apple serait en voie d'extinction.
Leonardo de Vinci disait "La simplicité est la sophistication suprême.". Et dans le cas d'Apple, je ne peux qu'approuver ces propos, puisque la marque a su développer, grâce à la simplicité, l'un des éléments clés de ses succès passés. Du packaging, à l'interface en passant par l'expérience utilisateur, les clients Apple ne sont jamais déboussolés : design épuré, fonctionnement intuitif, ou encore interface minimaliste (ce surtout depuis l'introduction du flat design dans les interfaces d'iOS et d'OS X). Remontons quelques années en arrière, quand on achetait un produit et qu'il fallait se coller au mode d'emploi pour pouvoir lancer et utiliser un produit. La lecture parfois longue et indigeste des notices est devenue totalement facultative avec les produits Apple. On achetait un produit, on le sortait de la boîte, on le branchait, il s'allumait et il était prêt à l'utilisation. Mieux encore, Monsieur Tout-le-Monde n'avait pas besoin d'un bac +5 pour l'utiliser. Une simplicité exprimée de façon intéressante, implicite et ironique lors de la campagne publicitaire Get a Mac en 2006 à revoir ci-dessous.
Pour ma part, je me rappelle de la surprise que j'ai eue en découvrant la boîte de mon nouvel iPhone 6 : toute blanche, avec l'iPhone gaufré. Simple, minimaliste, mais tellement classe. Au-delà du design et du fonctionnement, la simplicité s'exprime aussi dans les gammes et dans les choix des noms et c'est ce que Ken Segall souhaite souligner. Certains produits sont des iDevices, d'autres des AppleDevices, le développement d'une version S et maintenant même SE semble révéler un souhait de densifier la gamme au détriment DU produit summum. Qui est capable d'énumérer l'immense panel de smartphone Samsung ou LG ? À l'inverse, n'importe qui peut citer les téléphones Apple mais pour combien de temps encore. Actuellement Apple vend trois modèles d'iPhone, quatre iPads et trois MacBooks, l'Apple Watch s'ajoute et explose tout avec son grand nombre de combinaisons de taille, de style, et de bracelets.
Il est important pour une marque de toucher le plus grand nombre de clients, qui, à défaut de trouver les offres leur correspondant se tourneront vers la concurrence néanmoins, selon Segall, une entreprise qui opte pour la simplicité proposera LE produit approprié et pas une multitude de produits pour toucher à tout.
Steve Jobs dans son salon où le superflu n'a pas sa place.
À ce stade de la lecture, vous devez vous demander : mais alors est-ce que la simplicité est encore une priorité pour Apple ?
Toujours selon Ken Segall : oui. Elle fait en effet partie de l'essence de la marque et Apple croit toujours en son pouvoir, tout comme la simplicité est l'une de racines des produits Apple et de sa vision pour le futur. La simplicité est en revanche subjective et c'est là que les choses se compliquent pour la firme de Cupertino qui semble peiner à faire parvenir cette image à ses clients. Il termine et insiste sur le fait qu'à ce jour il ne connaît aucune autre entreprise capable de créer une expérience aussi simple que celle proposée par Apple.
Et vous, qu'en pensez-vous ?
Vous pouvez retrouver l'article de Ken Segall dans The Guardian en suivant ce lien (article en anglais)