Tim Cook pourrait-il vraiment quitter Apple en 2026 ?
Nadim Lefebvre- Il y a 1 heure
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La question n'est plus vraiment de savoir si Tim Cook quittera Apple, mais plutôt quand. Depuis novembre dernier, les rumeurs se sont intensifiées après une enquête du Financial Times révélant que le conseil d'administration et les cadres dirigeants ont accéléré les préparatifs pour l'ère post-Tim Cook. L'année 2026 est évoquée comme l'échéance la plus probable, ce qui coïncide avec le 65e anniversaire du dirigeant et une vague de départs sans précédent au sein de l'équipe de direction. Alors qu'Apple s'apprête à franchir le cap symbolique des 4 000 milliards de dollars de valorisation boursière, l'entreprise entre dans une période de transition historique qui soulève autant d'espoirs que d'interrogations.
Une hémorragie de talents inédite depuis Steve Jobs
L'année 2025 restera dans les annales comme celle du plus grand chamboulement de la direction d'Apple depuis la mort de Steve Jobs en 2011. En juillet, Jeff Williams, le directeur des opérations considéré pendant longtemps comme le successeur naturel de Cook, a annoncé sa retraite après 27 ans de maison. Un mois plus tard, Luca Maestri, directeur financier depuis des années, se retirait de son poste opérationnel pour céder sa place à Kevan Parekh. Mais les secousses ne se sont pas arrêtées là : début décembre, Apple annonçait simultanément le départ de Kate Adams, directrice juridique depuis 2017, et de Lisa Jackson, vice-présidente en charge de l'environnement, des politiques publiques et des initiatives sociales.
Ces multiples départs touchent des secteurs cruciaux de l'entreprise, de l'intelligence artificielle au design en passant par les affaires juridiques et gouvernementales. Cette cascade de retraites n'est probablement pas une coïncidence : elle intervient au moment précis où Apple structure méthodiquement sa préparation au départ de Tim Cook, prévu potentiellement dès 2026.
John Ternus, l'homme de la transition ?
Le nom qui revient systématiquement dans les discussions internes est celui de John Ternus, vice-président senior de l'ingénierie matérielle. À 50 ans, ce cadre arrivé chez Apple en 2001 a supervisé le développement de chaque génération d'iPad, des derniers iPhone et des AirPods. Il a notamment joué un rôle déterminant dans la transition des Mac vers les puces Apple Silicon, une des grandes réussites techniques de ces dernières années.
Décrit comme charismatique et apprécié au sein de l'entreprise, Ternus représenterait un changement de philosophie significatif par rapport à l'ère Cook. Contrairement au PDG actuel et à Jeff Williams, tous deux issus de l'opérationnel et experts en chaînes d'approvisionnement mondiales, Ternus apporte une expertise technique et matérielle. Son éventuelle nomination signalerait qu'Apple souhaite recentrer ses priorités sur l'innovation produit, alors que l'entreprise fait face à des difficultés dans de nouvelles catégories comme le Vision Pro et accuse un retard dans la course à l'intelligence artificielle. Aucune décision définitive n'aurait cependant été arrêtée, et Tim Cook a toujours exprimé sa préférence pour un successeur issu des rangs internes.
Le bilan en clair-obscur de Tim Cook
Sur le papier, les chiffres parlent d'eux-mêmes : depuis qu'il a pris les commandes en août 2011, Tim Cook a multiplié par plus de dix la valorisation boursière d'Apple, passant de 350 milliards à près de 4 000 milliards de dollars. Les revenus annuels ont triplé, bondissant de 108 milliards de dollars en 2011 à 365 milliards en 2021. Les bénéfices nets ont été multipliés par 3,7 sur la même période. Son plus grand coup de maître aura été la transformation d'Apple en géant des services, générant 70 milliards de dollars de revenus récurrents et réduisant drastiquement la dépendance de l'entreprise envers l'iPhone. Il a également supervisé le lancement de produits à succès comme l'Apple Watch et les AirPods, qui dominent leurs marchés respectifs avec des parts de 31% et 25%.
Pourtant, les critiques s'accumulent concernant le manque d'innovation de rupture sous son règne. Certains qualifient même Apple de "pauvre entreprise riche", débordant de liquidités mais quasiment incapable de livrer de véritables innovations. Les échecs récents alimentent cette perception : le projet d'Apple Car s'est effondré après des années de chaos interne et des milliards engloutis, le Vision Pro peine à séduire le grand public malgré ses prouesses techniques, et les efforts d'Apple en intelligence artificielle générative accusent un retard face à la concurrence. Même l'iPhone Air, censé incarner une vision raffinée de l'appareil, aurait échoué commercialement selon certaines sources. Là où les concurrents dominent le marché des téléphones pliants et définissent l'ère de l'IA générative, Apple apparaît paradoxalement en position d'attente, se contentant de raffiner et d'ajuster plutôt que d'innover radicalement. Ce débat entre excellence financière et stagnation créative place Tim Cook face à un dilemme stratégique alors qu'il s'apprête potentiellement à passer le relais : l'entreprise doit-elle continuer à perfectionner ses produits existants ou prendre des risques audacieux pour créer de nouvelles catégories ?
L'annonce officielle d'un nouveau PDG pourrait intervenir lors de la publication des résultats trimestriels fin janvier 2026, selon le Financial Times, même si on y croit assez peu. Quoi qu'il arrive, l'héritage de Tim Cook restera celui d'un gestionnaire hors pair qui a transformé Apple en l'une des entreprises les plus valorisées de l'histoire, tout en laissant à son successeur le défi immense de réinventer la capacité d'innovation qui avait fait la légende de Steve Jobs.

















