Akha : le "Waze des contrôleurs" numéro 1 de l'App Store fait trembler la RATP
- Nadim Lefebvre
- Il y a 4 heures
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L'application Akha fait beaucoup parler d'elle en ce début d'année 2025, particulièrement depuis que Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France, a demandé son retrait des stores d'applications. Cette controverse a propulsé Akha dans le top des téléchargements sur l'App Store d'Apple et le Play Store de Google, créant un effet Streisand inattendu.
Une application communautaire qui fait polémique
Développée par Sid Ahmed Mekhiche (connu sous le pseudo Sidox), Akha se présente officiellement comme une plateforme collaborative pour signaler les incidents dans les transports en commun franciliens. L'application propose trois types de signalements : SOS (pour les pickpockets et le harcèlement), Retard (pour les perturbations), et AKHA. C'est cette dernière fonctionnalité, utilisée pour signaler la présence de contrôleurs, qui cristallise les tensions.
Le concept s'inspire directement de Waze, l'application de navigation GPS qui permet aux automobilistes de signaler divers événements sur la route. Cependant, contrairement à Waze dont la légalité n'est pas remise en cause, Akha se heurte à l'article L2242-10 du Code des transports qui interdit explicitement le signalement de contrôleurs, sous peine de deux mois d'emprisonnement et 3 750 euros d'amende. Le problème est que la fonctionnalité n'est pas encouragée par l'app : ce sont les utilisateurs qui détournent le système d'alertes, comme cela arrive sur Waze.
Un contexte tendu sur fond d'augmentation des tarifs
Cette polémique intervient dans un contexte particulier, alors que les tarifs des transports franciliens ont récemment augmenté. Le Passe Navigo est passé à 88,80 euros mensuels en 2025, tandis que les tickets unitaires ont également subi une hausse. Ces augmentations, combinées aux fréquentes perturbations du réseau, alimentent le mécontentement des usagers.Le développeur défend son application comme un outil au service des usagers, destiné à "se réapproprier les transports publics". Face aux accusations, il a lancé une campagne de financement participatif pour soutenir son projet, tout en maintenant que l'application n'a pas été conçue spécifiquement pour faciliter la fraude.
Scandalisée par l'appli "Akha", qui sans vergogne se baptise du nom du signal d'alarme des dealers et vient faciliter la fraude dans les transports en localisant les contrôleurs et les forces de sécurité. Sans parler de l'aide qu'elle apporte aux délinquants et criminels...C'est… https://t.co/4rgBw9KbBn
— Valérie Pécresse (@vpecresse) January 13, 2025
Pour Île-de-France Mobilités, l'enjeu est de taille : la fraude représenterait un manque à gagner annuel de 700 millions d'euros pour la RATP. L'organisme a donc mis en demeure le développeur et demande à Apple et Google de retirer l'application de leurs stores respectifs.
Comme souvent avec ce type d'applications controversées, la question de la responsabilité du développeur face aux usages détournés de son outil reste en suspens. Le débat rappelle celui qu'avait suscité en son temps l'application Coyote pour les automobilistes, aujourd'hui parfaitement légale. En tout cas, l'application est numéro 1 de la catégorie "Transports" de l'App Store, et ce n'est pas près de s'arrêter.
Télécharger l'app gratuite Akha