Donald Trump ne veut pas non plus qu'Apple fabrique ses iPhone en Inde
Alban Martin
- Il y a 6 heures
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Lors d’une conférence téléphonique sur les résultats en octobre 2024, le PDG d’Apple, Tim Cook, a souligné que la plupart des iPhones vendus aux États-Unis sont désormais fabriqués en Inde, une transition qui tire parti de droits de douane plus bas pour maintenir des prix stables. Ce changement, combiné à l’engagement d’Apple de 500 milliards de dollars pour la fabrication de puces et de serveurs aux États-Unis, semblait positionner l’entreprise de manière favorable dans le contexte des politiques commerciales américaines. Cependant, le président Donald Trump a récemment exprimé sa frustration, déclarant aux journalistes qu’il avait un « problème » avec Cook pour la fabrication des iPhones en Inde plutôt qu’aux États-Unis.
Donald Trump et Tim Cook ont parlé
Selon CNBC, le 47e président a de nouveau exhorté le patron de la firme américaine à produire aux États-Unis, soulignant son objectif plus large de rapatrier la fabrication par le biais de tarifs douaniers et de pressions sur les entreprises, y compris une pause temporaire sur les taxes douanières de 145 % imposé à la Chine.
Seulement voilà, produire des iPhones entièrement aux États-Unis est irréaliste, du moins sur le court / moyen terme. L’appareil, qui représente la moitié des revenus d'Apple, repose sur des centaines de composants sourcés à l’échelle mondiale, avec un assemblage effectué dans des pays comme l’Inde, la Chine et le Vietnam.
Fabriquer et assembler tout localement augmenterait les coûts de manière substantielle, tout en mettant à mal la qualité. Apple manque d’expertise dans des domaines clés, comme la production d’écrans, où elle dépend de spécialistes tels que LG et Samsung, qui dominent grâce à leur échelle et leurs compétences. Sans oublier la main d'oeuvre ultra qualifiée de la Chine. Reproduire cela aux États-Unis à court terme n’est pas réalisable.

Apple fait tout ce qu'elle peut
Pour autant, Apple est très active. La société dirigée par Tim Cook fait des efforts pour s’aligner sur les intérêts américains, notamment en fabriquant les iPhone destinés aux américains en Inde et en construisant des usines pour des composants et des serveurs à des endroits comme Houston et en investissant dans l’infrastructure d’Apple Intelligence. Pourtant, la vision binaire de Trump en matière de fabrication – produire ici ou en subir les conséquences – pourrait ne pas tenir compte de ces contributions nuancées.
Les usines américaines soutenues par Apple et son plan d'investissement de 500 milliards s’appuieront probablement sur une automatisation avancée, employant moins de travailleurs que ce que Trump pourrait attendre, ce qui pourrait ne pas répondre à ses objectifs de création d’emplois. La réponse d’Apple consistera probablement à maintenir ses plans d’investissement aux États-Unis tout en préservant les chaînes d’approvisionnement mondiales pour éviter un conflit direct. Trump est peu susceptible de cibler Apple de manière agressive, étant donné sa relation « amicale » avec Cook et la publicité générée par les initiatives d’usines américaines d’Apple, même si elles ne produisent pas d’iPhones.
Un deal à la clé
Ce qu'on peut traduire de cette situation, c'est que Trump demande le plus possible pour obtenir une sorte de compromis qui conviendra peu ou prou à tous les acteurs. La clé pour le président est de recréer de l'emploi tout en limitant les interactions avec la Chine, qui lui dame le pion commercialement parlant sur la scène internationale depuis quelques années.
Nous verrons bien comment Apple parviendra à naviguer dans ces eaux troubles, les taxes de douanes avec la Chine étant suspendues pour 90 jours. L'iPhone 17 pourrait être le premier casse-tête de la nouvelle ère Trump.