Deezer dévoile son arme anti-IA pour protéger les artistes
- Nadim Lefebvre
- Hier à 16:11
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L'IA perturbe de plus en plus l'industrie de la musique en streaming. Face à ce défi majeur, Deezer vient d'annoncer une innovation technologique importante pour protéger les artistes et assurer une meilleure transparence pour les utilisateurs. La plateforme française révèle qu'environ 10% des nouveaux contenus quotidiens sont générés artificiellement, soit près de 10 000 pistes par jour. Une situation préoccupante qui pourrait menacer jusqu'à 25% des revenus des créateurs d'ici 2028 selon la CISAC.
Une technologie de détection pionnière
Après un an de développement, Deezer dévoile son nouvel outil de détection de contenus générés par IA. Cette technologie innovante, qui a fait l'objet de deux demandes de brevets fin 2024, se distingue par sa capacité à identifier les contenus synthétiques sans nécessiter d'entraînement extensif sur des bases de données spécifiques. Elle peut détecter efficacement les musiques créées via différents modèles comme Suno ou Udio. Il faudra voir si dans les faits, la détection de contenu généré par IA est véritablement efficace. On sait que l'exercice est déjà très difficile pour le texte avec beaucoup de faux-positifs, mais l'audio est encore un niveau au-dessus.
"Nous avons entrepris de créer le meilleur outil de détection d'IA sur le marché", explique Aurélien Herault, Chief Innovation Officer de Deezer. La plateforme prévoit d'étendre les capacités de son système pour détecter également les voix générées par deepfake, une autre menace croissante pour l'industrie musicale.
Une stratégie claire pour protéger les artistes
Face à cette situation, Deezer adopte une approche proactive avec plusieurs mesures concrètes :
- Mise en place d'un système de marquage pour identifier clairement les contenus générés par IA
- Exclusion de ces contenus des recommandations algorithmiques et éditoriales
- Protection accrue des droits et revenus des artistes
Cette initiative s'inscrit dans une démarche plus large de la plateforme française, qui avait déjà annoncé mi-janvier, en partenariat avec la Sacem, une refonte de son modèle de rémunération pour mieux récompenser les artistes. Une approche qui contraste avec celle de Spotify, son principal concurrent, qui utilise depuis 2017 le programme Perfect Fit Content intégrant des pistes produites par des "artistes fantômes" dans certaines playlists.
Alexis Lanternier, CEO de Deezer, souligne que si "l'IA générative a le potentiel d'avoir un impact positif sur la création et la consommation musicale", son utilisation doit être encadrée de manière responsable. Apple Music et les autres acteurs du streaming musical pourraient bien s'inspirer de cette initiative française pour protéger l'écosystème musical face à la montée en puissance de l'IA dans cette industrie.
En tout cas, un outil pour protéger les artistes est surtout de mieux les rémunérer. De ce côté, Deezer ferait mieux de s'inspirer d'Apple Music qui est toujours en haut du classement des apps de streaming les plus rémunératrices.