L'Allemagne réfléchit à interdire les bloqueurs de publicité
Nadim Lefebvre
- Il y a 3 heures
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La liberté de navigation sur internet pourrait connaître un tournant majeur. Alors que les bloqueurs publicitaires font partie intégrante de l'expérience web pour des millions d'utilisateurs, une décision récente de la justice allemande relance une bataille judiciaire qui pourrait avoir des répercussions bien au-delà des frontières germaniques.
Une guerre judiciaire de dix ans qui rebondit
Depuis 2015, le groupe de presse Axel Springer livre une bataille acharnée contre Eyeo, l'éditeur d'Adblock Plus. Après avoir échoué sur le terrain de la concurrence déloyale, l'entreprise a changé de stratégie en invoquant le droit d'auteur. Son argumentation ? Les bloqueurs modifient le code HTML des pages web, portant ainsi atteinte aux droits de propriété intellectuelle.
Si cette approche avait été rejetée par la cour d'appel de Hambourg en 2022, la Cour fédérale allemande vient de remettre l'affaire sur la table. Elle considère que le jugement initial manquait de motivation technique, ouvrant ainsi une brèche juridique préoccupante.

Un écosystème tech sous pression
Cette évolution intervient dans un contexte déjà tendu pour les extensions de blocage. Google a récemment durci ses règles avec Manifest V3, contraignant des solutions populaires comme uBlock Origin à proposer des versions allégées. Safari d'Apple, de son côté, intègre nativement des fonctions anti-pistage dans son moteur WebKit, adoptant une approche différente mais tout aussi efficace.
Mozilla, créateur de Firefox, s'inquiète ouvertement de cette dérive, comparant la situation à celle d'un téléspectateur qui zapperait pendant les publicités. Pour la fondation, interdire ces outils reviendrait à fragiliser la sécurité et la vie privée des internautes.
Des conséquences européennes probables
Si l'Allemagne venait à interdire les bloqueurs publicitaires, elle rejoindrait la Chine dans cette démarche restrictive. Plus inquiétant encore, cette décision pourrait faire jurisprudence dans d'autres pays européens, où des groupes médiatiques pourraient s'engouffrer dans cette brèche juridique.
L'enjeu dépasse le simple confort de navigation : il s'agit de préserver un internet ouvert où les utilisateurs gardent le contrôle sur leur expérience numérique.
Il faut néanmoins rappeler que la publicité constitue la principale source de financement pour de nombreux sites de médias gratuits comme iPhoneSoft, et que leur modèle économique repose majoritairement sur ces revenus publicitaires.
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