Le Parlement européen veut interdire les réseaux sociaux aux moins de 16 ans
Alexandre Godard- Il y a 29 min
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Bien que cette mesure ne soit pas prévue à court terme, l’Europe envisage de plus en plus d’interdire l’accès aux réseaux sociaux aux mineurs de moins de 16 ans. Une idée qui divise fortement, comme le montrent les débats parlementaires où les députés sont loin d’être unanimes sur la question.
Le Parlement européen veut interdire les réseaux sociaux aux enfants
Dans un rapport récemment adopté, le Parlement européen prend position en faveur d’une mesure radicale : interdire l’accès aux réseaux sociaux pour tous les mineurs de moins de 16 ans dans l’Union européenne. Cette proposition marque un tournant majeur dans la régulation du numérique en Europe.
Les députés européens justifient cette interdiction par les risques croissants que représentent les plateformes pour les jeunes. Cyberharcèlement, contenus inappropriés, manipulation psychologique et impact sur la santé mentale sont autant de dangers documentés par de nombreuses études. Le cerveau des adolescents, encore en développement, serait particulièrement vulnérable aux mécanismes addictifs des réseaux sociaux conçus pour maximiser l’engagement.
Cette initiative s’inscrit dans un mouvement international. L’Australie a récemment adopté une législation similaire, tandis que d’autres pays renforcent leurs contrôles parentaux sans aller jusqu’à l’interdiction totale. On peut également citer la récente interdiction de la France au sujet des sites pornographiques.
La proposition soulève néanmoins de nombreuses controverses. Les critiques dénoncent une forme de paternalisme qui prive les jeunes d’espaces essentiels de socialisation et d’expression. Pour beaucoup d’adolescents, les réseaux sociaux sont devenus des lieux de construction identitaire et d’émancipation.
Les questions pratiques posent également problème. Comment vérifier efficacement l’âge sans créer un système de surveillance généralisée ? La collecte de données d’identité ou biométriques soulève d’importantes préoccupations pour la vie privée. De plus, les jeunes maîtrisant souvent mieux les outils numériques que les adultes, nombreux sont ceux qui craignent que l’interdiction soit facilement contournée par l’utilisation de VPN ou de fausses déclarations.
Une partie du débat oppose l’interdiction pure à une approche éducative. De nombreux experts plaident pour former les jeunes à un usage critique des réseaux sociaux plutôt que de les en exclure totalement. Cette vision privilégie l’accompagnement, la formation des parents et enseignants, et le développement d’outils de régulation progressive. Le rapport exige également que les plateformes assument davantage leurs responsabilités en refondant leurs algorithmes et en supprimant les mécanismes de manipulation psychologique.
Si elle était adoptée, cette mesure nécessiterait une coordination sans précédent entre les États membres et pourrait créer un précédent à l’échelle mondiale. Avec 450 millions d’habitants, l’Union européenne forcerait les géants technologiques à s’adapter, inspirant potentiellement d’autres régions.
Au-delà de la question des réseaux sociaux, cette proposition pose des questions fondamentales sur l’équilibre entre protection et liberté dans le monde numérique. Entre l’adoption du rapport et une éventuelle mise en œuvre, de nombreuses étapes restent à franchir, mais le débat sur la protection des mineurs en ligne est désormais au cœur des priorités européennes.




















