🔥 Apple révise l'App Store européen : nouvelles règles et frais supplémentaires
- 👨 Nadim Lefebvre
- Hier à 22:35 (Màj il y a 7 heures)
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Une liberté retrouvée pour la promotion des offres
La transformation la plus visible concerne la manière dont les développeurs peuvent désormais promouvoir leurs services et produits numériques. Fini le temps où Apple imposait une seule URL statique par application avec des restrictions draconiennes sur les paramètres de suivi.
Les développeurs européens bénéficient maintenant d'une flexibilité considérable pour orienter leurs utilisateurs vers des destinations multiples. Ils peuvent désormais intégrer des liens vers leurs sites web, d'autres applications, ou même des boutiques d'applications alternatives, le tout via des interfaces natives ou des vues web intégrées. Cette évolution permet également l'utilisation de paramètres de suivi avancés, de redirections et de liens intermédiaires, offrant aux développeurs des possibilités d'analyse bien plus poussées.
L'écran d'avertissement qui apparaissait systématiquement lors de chaque clic sur un lien externe évolue également. Désormais, cet avertissement ne s'affiche qu'une seule fois, avec la possibilité pour l'utilisateur de le désactiver définitivement pour les interactions futures au sein de la même application.
Comme aux Etats-Unis il sera possible de souscrire un abonnement Spotify ou acheter un livre Kindle directement dans l'application associée, sans passer par un système d'Apple. En Europe, la différence est que les développeurs bénéficient de conditions d'intégration de leurs fenêtre d'achat bien plus souples — pour ne pas dire illimitées — et que les bulles d'avertissement d'Apple sont bien moindres.
Une architecture tarifaire repensée en profondeur
Apple introduit une structure de frais entièrement nouvelle qui remplace progressivement l'ancien système. Cette refonte s'articule autour de trois composantes distinctes qui s'appliquent uniquement aux transactions utilisant des liens actifs vers des solutions de paiement alternatives.
Les frais d'acquisition initiale représentent une commission de 2% sur les ventes de biens et services numériques réalisées par de nouveaux utilisateurs. Cette taxe s'applique pendant les six premiers mois suivant le premier téléchargement de l'application depuis l'App Store. Toutefois, les développeurs inscrits au Small Business Program d'Apple en sont exemptés, tout comme les ventes réalisées auprès d'utilisateurs déjà acquis.
Les frais de services boutique se déclinent en deux formules distinctes, permettant aux développeurs de choisir le niveau de services souhaité. Le premier niveau, facturé 5%, donne accès aux services essentiels comme la distribution des applications, les fonctionnalités de sécurité et la gestion des applications, mais exclut les mises à jour automatiques, les téléchargements multi-appareils et les outils de promotion. Le second niveau, à 13% (réduit à 10% pour les membres du Small Business Program), maintient l'accès complet à tous les services actuels de l'App Store.
La commission technologique fondamentale (Core Technology Fee) varie selon le modèle choisi par le développeur. Pour ceux optant pour les conditions alternatives d'Apple en Europe, elle reste fixée à 0,50 € par installation au-delà d'un million de téléchargements annuels. Pour les autres, une nouvelle Commission Technologique Fondamentale de 5% s'applique aux ventes réalisées via la promotion d'alternatives de paiement.
En clair, Apple continue de prélever des frais — certes moins élevés — aux développeurs utilisant (ou faisant la promotion) des alternatives de paiement. Pas sûr que cela plaise à la Commission Européenne.
iOS 18.6 : une expérience utilisateur repensée
L'arrivée d'iOS 18.6 et d'iPadOS 18.6 marquera une étape importante dans l'évolution de l'écosystème Apple européen. Ces versions introduiront une interface utilisateur entièrement repensée pour l'installation d'applications provenant de boutiques alternatives ou directement depuis les sites web des développeurs.
Plus tard dans l'année, Apple prévoit de déployer une API permettant aux développeurs d'initier directement le téléchargement d'applications distribuées de manière alternative depuis leurs propres applications. Cette fonctionnalité pourrait considérablement simplifier l'expérience utilisateur et réduire les frictions lors de l'installation d'applications tierces, comme sur Setapp ou l'AltStore.
Vers un modèle unifié en 2026
Apple annonce une transition majeure pour le 1er janvier 2026 avec l'implémentation d'un modèle commercial unifié en Europe. Cette évolution remplacera définitivement la taxe Core Technology Fee actuelle par la Commission Technologique Fondamentale (admirez la traduction), applicable à tous les développeurs européens indépendamment de leur statut actuel.
Cette approche basée sur les ventes plutôt que sur les téléchargements pourrait s'avérer plus prévisible pour les développeurs, particulièrement ceux dont les applications génèrent un grand nombre de téléchargements sans nécessairement convertir en achats immédiats.
Un bras de fer juridique qui se poursuit
Malgré ces adaptations substantielles, Apple maintient sa position critique envers les exigences européennes. La firme a officiellement déclaré son désaccord avec les décisions de la Commission européenne et annoncé son intention de faire appel :
La Commission européenne exige qu'Apple apporte une série de modifications supplémentaires à l'App Store. Nous ne sommes pas d'accord avec cette décision et prévoyons de faire appel.
Les enjeux financiers demeurent considérables pour Apple, qui risque des amendes pouvant atteindre 5% de son chiffre d'affaires quotidien mondial, soit environ 55 millions de dollars par jour d'amende potentielle. Ces sanctions potentielles expliquent en partie la rapidité avec laquelle Apple a implémenté ces changements, respectant ainsi l'échéance du 26 juin imposée par la Commission européenne.
Ces évolutions témoignent de la transformation profonde que connaît l'industrie des applications mobiles en Europe. Pour les utilisateurs d'iPhone et d'iPad, ces changements ouvrent la voie à une plus grande diversité d'options de paiement et d'installation d'applications, tout en préservant les standards de sécurité et de qualité qui caractérisent l'écosystème Apple. Les développeurs, quant à eux, devront naviguer dans cette nouvelle architecture tarifaire complexe pour optimiser leur stratégie de monétisation tout en tirant parti des nouvelles possibilités de promotion offertes par ces assouplissements réglementaires. Tout cela risque d'encore changer sous la pression européenne, mais Apple n'est véritablement pas décidée à lâcher son business model.