Google active la recherche IA partout sauf en France
- 👨 Nadim Lefebvre
- Il y a 4 heures
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Une nouvelle façon de chercher sur internet
Le Mode IA remplace la traditionnelle liste de liens bleus par des réponses rédigées directement par Gemini, le modèle d'intelligence artificielle de Google. Concrètement, on pose une question complexe comme "quels sont les meilleurs restaurants près de la gare de Lyon avec une terrasse et des options végétariennes", et l'IA mène simultanément des dizaines de recherches avant de synthétiser l'information en quelques secondes. Les sources consultées apparaissent sur le côté, permettant d'approfondir si besoin. Cette approche conversationnelle s'oppose au fonctionnement habituel du moteur de recherche et rapproche Google de ses concurrents comme ChatGPT ou Perplexity, qui grignotent progressivement des parts d'audience.
Le déploiement mondial touche désormais plus de 200 pays et prend en charge 35 langues, dont le français. Google observe déjà que les utilisateurs posent des questions trois fois plus longues qu'auparavant, signe d'un changement profond dans les usages.
Un blocage français qui s'éternise
L'absence de la France dans cette liste de 200 pays n'a rien d'anodin. Google invoque des "obstacles réglementaires" sans préciser davantage, mais tout porte à croire que le problème concerne les droits voisins de la presse. L'Autorité de la concurrence a sanctionné le géant américain à deux reprises : 500 millions d'euros en 2021, puis 250 millions en 2024 pour non-respect de ses engagements envers les éditeurs. Ces amendes successives ont visiblement refroidi les ardeurs de Google, qui préfère éviter un troisième round judiciaire.
We hope to resolve regulatory uncertainty in France that has made it much harder to launch features like AI Overviews and AI Mode. We love France and want to bring our AI features there 🤞 but it's not yet clear when that will be possible – stay tuned!
— Nick Fox (@thefox) October 8, 2025
Kent Walker, responsable des affaires publiques de Google, déplore cette situation qu'il juge néfaste pour le pays. Il estime que l'Europe dans son ensemble freine l'innovation avec une réglementation trop contraignante, citant le Digital Markets Act et l'AI Act comme exemples. Selon lui, la véritable révolution de l'IA ne réside pas dans les chatbots, mais dans ses applications scientifiques et industrielles. Un discours qui cache mal l'impatience du groupe face aux blocages réglementaires européens.
Des éditeurs inquiets pour leur survie
Cette transformation du moteur de recherche inquiète sérieusement les éditeurs de sites web, notamment aux États-Unis où le Mode IA est actif depuis mai. Quand la réponse s'affiche directement sur Google, les internautes cliquent moins sur les liens, ce qui fait chuter le trafic et donc les revenus publicitaires des médias. Google conteste cette analyse en affirmant que les visites générées via son Mode IA sont de meilleure qualité, avec des utilisateurs plus engagés. L'argument convainc peu face aux chiffres de fréquentation qui baissent.
La situation devrait se débloquer d'ici la fin 2025 ou début 2026 selon plusieurs sources, mais rien n'est garanti. En attendant, les Français peuvent toujours traverser la frontière belge, suisse ou monégasque pour tester cette nouveauté, puisque tous les pays francophones voisins y ont accès. Une exclusion qui rappelle celle d'AI Overviews, cette autre fonctionnalité de Google qui résume les recherches en haut de page et qui brille également par son absence dans l'Hexagone.
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