Des étudiants ajoutent la reconnaissance faciale aux lunettes Meta Ray-Ban
- 👨 Julien Russo
- Il y a 2 mois (Màj il y a 2 mois)
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Les étudiants souhaitent montrer en « avant-première » la prochaine étape avec ce type de produit
Deux étudiants de l’université de Harvard, AnhPhu Nguyen et Caine Ardayfio, ont récemment modifié les lunettes intelligentes Meta Ray-Ban en les utilisant comme support pour une technologie de reconnaissance faciale, exploitée à travers un programme externe. Ils ont ainsi démontré comment les lunettes connectées peuvent scanner un visage et récupérer des informations personnelles en ligne en temps réel.
Bien que la reconnaissance faciale ne soit pas directement intégrée aux lunettes, celles-ci capturent un flux vidéo qui est ensuite diffusé en direct sur Instagram. Intervient après un programme externe qui se charge alors d’analyser les visages filmés pour les identifier, récupérant des informations telles que le nom, l’adresse ou encore le numéro de téléphone, via des bases de données publiques et des recherches en ligne. Ce système exploite les réseaux sociaux et des plateformes spécialisées pour obtenir ces informations, mais il est également capable de trouver des articles de presse ou des événements dans lesquels la personne concernée a pu apparaître.
Nguyen et Ardayfio ont présenté leur projet en scannant des passants dans la rue, accédant à leurs informations personnelles en quelques secondes seulement, ce qui démontre la puissance et la rapidité du système.
PimEyes et FastPeopleSearch au cœur du projet
Une fois qu’un visage est détecté, le système externe effectue des recherches via des moteurs comme PimEyes, qui associe les visages à des images accessibles publiquement. En complément, des services comme FastPeopleSearch permettent de récupérer des informations plus détaillées sur la personne identifiée. Ce sont principalement ces deux plateformes qui font l’essentiel du travail.
Réactions et enjeux
Nguyen et Ardayfio assurent que leur projet n’a pas pour but de violer la vie privée, mais de montrer au public les capacités inquiétantes de la technologie aujourd’hui accessible à tous. Meta a réagi en expliquant que la technologie de reconnaissance faciale utilisée par les étudiants, PimEyes, peut fonctionner avec n’importe quel appareil photo, et n’est donc pas spécifiquement liée aux lunettes.
PimEyes, de son côté, s’est montré surpris par cette utilisation et a rappelé que son outil n’a pas été conçu pour permettre une identification personnelle, que ce soit directement ou indirectement.
Are we ready for a world where our data is exposed at a glance? @CaineArdayfio and I offer an answer to protect yourself here:https://t.co/LhxModhDpk pic.twitter.com/Oo35TxBNtD
— AnhPhu Nguyen (@AnhPhuNguyen1) September 30, 2024
Implications et questions éthiques
Cette expérience démontre de manière frappante à quel point il est possible de recueillir des informations personnelles sur une personne sans jamais lui avoir parlé, ni même connaître son nom au préalable. Si deux étudiants avec des moyens limités ont pu réussir une telle prouesse, il est inquiétant de penser à ce que des entreprises disposant de moyens financiers plus importants pourraient réaliser.
En France, une telle utilisation de la reconnaissance faciale serait strictement illégale dans l’espace public. Le RGPD (Règlement Général sur la Protection des Données) interdit à un particulier d’utiliser cette technologie dans des lieux publics, afin de protéger la vie privée des individus. Le cadre légal impose des restrictions strictes pour éviter toute dérive.
Face à cette avancée technologique, Meta n’a pas exprimé d’inquiétude particulière quant à la possibilité que d’autres utilisateurs des Meta Ray-Ban puissent exploiter ces capacités de reconnaissance faciale à des fins similaires et aucune mesure n’a été annoncée pour encadrer ces pratiques.