La pression du procureur des États-Unis sur Apple ne plait pas au FBI
- Julien Russo
- Il y a 5 ans
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Depuis plusieurs semaines, Apple est sous les feux des projecteurs à cause de l'affaire des deux iPhone verrouillé détenu par le terroriste de l'attentat Pensacola survenu le mois dernier. En effet, le FBI est dans l'impossibilité d'accéder aux données des iPhone sans la coopération de la firme californienne.
Le procureur des États-Unis a pris en main les communications avec Apple
Le FBI qui était bloqué vis-à-vis de ses deux appareils verrouillés avait pris l'initiative de contacter Apple pour tenter d'avoir une aide. La firme californienne a été coopérative sur un point, elle a communiqué toutes les données qu'elle possédait sur le terroriste. Cependant, il y a eu un refus catégorique en ce qui concerne le déverrouillage des appareils.
Face à ce refus, le FBI a volontairement fait fuiter cette "non-assistance" de la part d'Apple, sachant que derrière cela allait choquer l'opinion publique. Cela aura bien fonctionné, puisque les américains ont pris position pour le FBI (pour la plupart) et le procureur des États-Unis William Barr est entré dans la course pour tenter de trouver une solution avec Apple. Cependant, que ça soit le FBI, le procureur des États-Unis et même le Président des États-Unis, rien ne fait changer d'avis Apple.
La pression au sein du FBI serait au maximum à l'heure actuelle. En effet, cette affaire est le sujet principal des conversations dans les salles de pauses. Plusieurs responsables du FBI ont déclaré (de façon non officielle) leur inquiétude sur ce que demande William Barr à Apple.
Ce qu'il demande c'est la création de portes dérobées qui donnerait l'accès aux responsables de l'application de la loi. Le procureur a toute fois dit qu'il ne voulait pas d'un affaiblissement du cryptage pour les utilisateurs dit "normaux".
Cette déclaration inquiète spécifiquement les responsables du FBI. Ils le reconnaissent, cela va simplifier leur travail, mais mettra en danger la vie privée des honnêtes gens.
Une indiscrétion affirme que le directeur du FBI Christopher Wray et le directeur adjoint David Bowdich ne pensent pas que cette manière soit la bonne.
Le comportement de William Barr n'est pas rassurant pour l'avenir des relations Apple - FBI
Si William Barr est procureur des États-Unis, c'est aussi grâce à son attitude. C'est quelqu'un qui ne lâche rien quand il veut quelque chose. De hauts fonctionnaires du FBI se disent inquiets quant au ton qu'emploie le procureur avec les entreprises de technologie qui ne veulent pas céder vis-à-vis de sa demande.
Créer un conflit avec des entreprises qui peuvent aider aux enquêtes du FBI n'est pas la bonne solution, puisque celle-ci peut se rétracter et cesser toutes communications d'informations, souvent précieuse dans le cadre des enquêtes criminelles.
Le FBI est conscient que s’il perd cette relation avec Apple, les futures enquêtes risquent d'être compliquées, puisqu'il faut l'avouer Apple aide quand même fréquemment l'agence fédérale en lui communiquant les informations qu'elle possède, alors qu'elle n'est pas obligée de le faire sans mandat. Un avantage qui risque de disparaître si William Barr agit de façon insistante envers les entreprises de technologies qui refusent l'accès aux données d'un smartphone.
En dehors des hauts fonctionnaires et responsables du FBI, des agents se sont également alarmés sur le fait que le procureur des États-Unis profite de cette sombre affaire pour faire avancer son dossier sur le cryptage. Tous se rejoignent pour dire que ce n'est pas le bon moment pour faire évoluer la politique interne des grosses entreprises à ce sujet.
Au ministère de la Justice, l'avis est très différent
Les hauts fonctionnaires affirment tous que l'intervention du procureur des États-Unis était indispensable dans cette affaire qui n'avance pas, puisqu'Apple fait la forte tête et campe sur ses positions.
L'affaire continue de faire la Une des médias américains même après plusieurs semaines.