Apple pourrait devoir autoriser la suppression de l'app Photos en Europe
- Alban Martin
- Il y a 9 mois
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Apple vs Europe, nouvelle épisode. Une remarque de Margrethe Vestager, responsable de la concurrence au sein de l'Union européenne, laisse entendre que l'entreprise américaine pourrait être contrainte de laisser les propriétaires d'iPhone supprimer l'application Photos. Une bonne et une mauvaise nouvelle.
Une synchronisation à s'arracher les cheveux
Cette éventualité, jusqu'ici non mentionnée tout au long de la mise en place de la DMA - impliquerait un changement très important dans la façon dont iOS fonctionne. Voici un extrait du discours de Mme Vestager la semaine dernière :
En vertu de l'article 6, paragraphe 3, de la DMA, les "gatekeepers" ont l'obligation de permettre la désinstallation aisée des applications et la modification aisée des paramètres par défaut. Ils doivent également afficher un écran de choix. Le modèle de conformité d'Apple ne semble pas répondre aux objectifs de cette obligation [...]
Apple n'a pas non plus rendu plusieurs applications désinstallables (l'une d'entre elles serait Photos).
Ce "détail" pourrait être un casse-tête pour Apple. En effet, Photos n'est pas une simple application sur iOS ; c'est l'interface du système qui est lié à l'appareil photo. Elle est intégrée à l'ensemble du système d'exploitation, avec des invites d'autorisation par application pour accorder différents niveaux d'accès à vos photos.
Selon Mme Vestager, Apple doit ouvrir son système aux applications tierces, ouvrant une brèche sans précédent dans iOS.
Certains commentateurs, suite à cette déclaration, pensent qu'Apple pourrait cesser de vendre des iPhones dans les pays membres de l'UE, la France en faisant partie. La logique avancée est qu'avec des amendes potentielles allant jusqu'à 10 % du chiffre d'affaires mondial, et des ventes dans l'UE représentant environ 7 % de ce chiffre, cela pourrait être l'option la moins coûteuse.
Pour une fois, le vindicatif Thierry Breton, commissaire européen chargé du marché intérieur, a rejeté cette possibilité sur le site de la Commission. Il était pourtant très virulent contre Apple ces dernières semaines.
Sur un marché de 450 millions de clients, il est tout simplement impensable de ne pas être présent.
Là où les géants du numérique pouvaient payer des amendes de plusieurs milliards de dollars sans sourciller - d'ailleurs, quand ils ont dû les payer, après de longues années de procédures, ce qui n'était pas systématique, loin de là - aujourd'hui, aucun d'entre eux ne peut se permettre de ne pas être sur notre marché.
La DMA, appliquée stricto-sensu, pourrait aller trop loin dans l'ouverture à la concurrence, mettant en danger les clients d'Apple. C'est d'ailleurs la même chose qu'avec la nouvelle attaque du DOJ aux États-Unis, qui a emboîté le pas à la Commission européenne avec de multiples demandes.
Si l'App Store et les navigateurs tiers sont des pans importants, ils sont sans doute moins sensibles que nos photos. Apple a toujours mis en avant la protection de la vie privée, on la voit mal accepter ce genre d'exigences. Au fil du temps, Apple a ajouté un certains nombres de garde-fous, comme les permissions explicites affichées aux utilisateurs. Mieux, iOS nous rappelle aussi de temps en temps, de manière proactive, que certaines applications ont toujours accès à nos photos et vérifie si nous voulons les supprimer.
Reste à voir si l'UE ira plus loin, et comment Apple réagira. On n'ose imaginer la réaction de la population dans le cas d'un arrêt des ventes d'iPhone sur le View Continent...