Europe : la Commission veut définitivement détruire Apple
- 👨 Alexandre Godard
- Il y a 6 heures (Màj il y a 5 heures)
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Apple face aux nouvelles exigences de l’UE
La relation entre Apple et l’Union européenne continue de se tendre. Après les récents changements imposés à iOS pour se conformer aux dispositions de la loi sur les marchés numériques (DMA), la Commission européenne exige désormais qu’Apple assure une “interopérabilité efficace” entre iOS et les plateformes concurrentes. Ces demandes, détaillées dans un nouveau document publié par la Commission, visent à réduire les pratiques jugées anticoncurrentielles par le géant technologique américain. Cependant, Apple a vivement critiqué ces propositions, les considérant comme une menace pour la sécurité et la confidentialité des utilisateurs.
Les nouvelles exigences de l’UE envers Apple
Le DMA, entré en vigueur en 2023, impose aux grandes entreprises technologiques, qualifiées de “gardiens d’accès”, de respecter une série de règles pour garantir une concurrence équitable. Si Apple s’est déjà conformé à certaines obligations, comme l’autorisation des magasins d’applications tiers dans l’UE, la Commission européenne pousse à présent l’entreprise à aller encore plus loin.
Le document de l’UE demande qu’Apple :
- Facilite le jumelage et le contrôle d’accessoires d’autres marques (montres connectées, casques audio, etc.), jusqu’ici optimisés pour les appareils Apple uniquement.
- Autorise les applications tierces à s’exécuter en arrière-plan, une fonctionnalité actuellement réservée aux apps natives comme Apple Music ou Plans.
- Étende des fonctionnalités exclusives, telles que AirPlay et AirDrop, pour les rendre accessibles sur des appareils non Apple.
Ces mesures visent à ouvrir l’écosystème iOS et à offrir une expérience utilisateur équivalente, quelle que soit la marque des accessoires ou applications utilisés. L’UE a fixé le 9 janvier 2025 comme date limite pour finaliser sa consultation sur ces demandes.
La réponse d’Apple : confidentialité et sécurité en ligne de mire
Face à ces exigences, Apple a publié un document critiquant la législation DMA et les demandes de l’UE, affirmant que ces mesures mettent en danger son modèle centré sur la protection des données personnelles. Apple souligne que :
- Son écosystème fermé garantit la sécurité des utilisateurs, en empêchant les applications tierces d’accéder à des données sensibles.
- Une interopérabilité étendue pourrait compromettre la confidentialité des utilisateurs, en autorisant des entreprises comme Meta à accéder à des technologies et données sensibles.
Apple a également ciblé directement Meta dans son argumentaire, soulignant que la société est l’une des plus ferventes demandeuses d’accès aux technologies d’iOS dans le cadre de la DMA. Selon Apple, si ces demandes étaient acceptées, cela donnerait à Meta un accès total aux données des utilisateurs, y compris les messages, les appels téléphoniques, les fichiers, les photos et même les mots de passe.
Les conséquences potentielles pour Apple
Si Apple ne se conforme pas aux exigences de la DMA, elle pourrait faire face à des sanctions importantes. L’UE a la possibilité d’ouvrir une enquête officielle qui pourrait aboutir à des amendes atteignant jusqu’à 10 % des ventes annuelles mondiales de l’entreprise. Pour une entreprise qui a généré plus de 394 milliards de dollars de revenus en 2023, cela représente un risque financier colossal.
Apple pourrait par ailleurs être contraint de revoir complètement son modèle économique en Europe, ce qui pourrait affecter sa stratégie globale. Ou pire, la forcer à restreindre son implantation dans l'Union européenne, ce qui causerait directement du tort à nous autres les clients européens.
Un précédent : les changements récents dans iOS
Cette nouvelle controverse survient après une année où Apple a déjà dû se plier à plusieurs règles imposées par le DMA. En 2024, la firme a introduit :
- La possibilité de télécharger des applications depuis des sources tierces, un processus connu sous le nom de sideloading.
- La prise en charge de magasins d’applications alternatifs, rompant avec l’exclusivité de l’App Store.
- Le choix pour l’utilisateur de modifier son navigateur web par défaut.
- La suppression définitive d’applications natives comme l’App Store ou Téléphone.
Ces changements ont été accueillis favorablement par les défenseurs de la concurrence, mais Apple continue de défendre son écosystème fermé, affirmant qu’il s’agit d’une nécessité pour protéger ses utilisateurs.
Le débat entre innovation, concurrence et sécurité
Le bras de fer entre Apple et l’UE soulève des questions fondamentales sur l’équilibre entre innovation technologique, concurrence et protection des données.
- Pour l’UE, l’ouverture d’iOS est essentielle pour garantir une concurrence équitable et encourager l’innovation.
- Pour Apple, ces mesures pourraient compromettre son différenciateur clé : la confidentialité et la sécurité des utilisateurs.
Ce débat pourrait également avoir des répercussions bien au-delà de l’Europe, influençant la manière dont les grandes entreprises technologiques sont réglementées dans le monde.
Conclusion : un affrontement aux conséquences globales
Le conflit entre Apple et l’Union européenne est emblématique des tensions croissantes entre les géants technologiques et les régulateurs. Alors qu’Apple se bat pour préserver son écosystème fermé, l’UE cherche à garantir une concurrence équitable et des opportunités pour les développeurs tiers.
Avec une date limite fixée à janvier 2025, les prochains mois seront cruciaux pour déterminer si Apple choisira de se conformer aux demandes de l’UE ou de risquer des sanctions. Dans tous les cas, ce dossier aura un impact majeur sur l’avenir de la relation entre l’Europe et les grandes entreprises technologiques. Donald Trump, le nouveau président des États-Unis, pourrait s'en mêler dès l'année prochaine.