LinkedIn poursuivi par la presse française pour violation des droits voisins
- 👨 Nadim Lefebvre
- Hier à 19:39
- 💬 Réagir
Un bras de fer sur la question des droits voisins
Depuis 2019, la législation européenne impose aux plateformes numériques de rémunérer les médias lorsqu'elles reprennent leurs contenus. Pourtant, LinkedIn fait figure de mauvais élève en continuant d'exploiter des articles de presse sans autorisation ni compensation financière. La plateforme, qui touche près de 30 millions d'utilisateurs en France, ne se contente pas d'héberger des liens partagés : des articles entiers se retrouvent publiés directement sur le réseau et mis en avant dans la section Actualités.
Par ailleurs, LinkedIn est accusé de manquer de transparence en refusant de communiquer les données d'utilisation des contenus de presse sur sa plateforme. Cette opacité empêche les éditeurs d'évaluer précisément l'impact de leurs publications et donc de négocier une rémunération équitable. Comme le souligne Pierre Louette, président de l'APIG et PDG du groupe Les Echos-Le Parisien, "le succès de LinkedIn repose notamment sur la fraîcheur et la qualité des contenus de presse".
Un contexte plus large de tensions avec les géants de la tech
Cette assignation s'inscrit dans un contexte plus large de confrontation entre médias et plateformes numériques. Si Google a récemment renouvelé son accord-cadre avec l'APIG, couvrant plus de 300 titres de presse, la situation est plus tendue avec d'autres acteurs. Meta a par exemple mis fin à Facebook News et réduit la visibilité des articles de presse sur ses plateformes, tandis que Microsoft fait déjà l'objet de poursuites depuis novembre 2024 pour des pratiques similaires sur Bing et Microsoft Start.
L'enjeu dépasse désormais le simple cadre des réseaux sociaux. Comme le rappelle Pierre Louette, "les contenus de presse sont le caviar des robots conversationnels". La montée en puissance de l'intelligence artificielle soulève de nouvelles questions sur l'utilisation et la rémunération des contenus journalistiques. La récente amende de 250 millions d'euros infligée à Google pour non-respect des droits voisins pourrait servir d'avertissement à LinkedIn et aux autres plateformes récalcitrantes. On verra dans les prochaines semaines si la justice française décide de s'emparer de l'affaire et de sanctionner la filiale de Microsoft.
Source