Apple critique l’étiquette énergie de l’UE obligatoire pour l'iPhone
- 👨 Alexandre Godard
- Hier à 17:00
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Apple confrontée à la nouvelle étiquette énergétique européenne
À partir du 20 juin 2025, tous les smartphones et tablettes vendus dans l’Union européenne devront arborer une nouvelle étiquette énergétique, dans le cadre des règlements (UE) 2023/1669 (étiquetage) et 2023/1670 (éco-conception). Ce changement vise à mieux informer les consommateurs et à promouvoir des produits plus durables, réparables et efficaces. Apple, tout en se conformant à cette réglementation, a exprimé dans un document officiel plusieurs réserves importantes quant à la méthode et à certains critères retenus.
Un étiquetage qui met l’accent sur la durabilité
L’étiquette imposée comprend plusieurs informations : un indice d’efficacité énergétique (de A à G), l’autonomie typique, la résistance aux chutes, l’indice de réparabilité, le nombre de cycles de charge supportés par la batterie avant de tomber à 80 % de capacité, ou encore la résistance à la poussière et à l’eau. Un QR code donne accès à la fiche produit complète dans la base européenne EPREL.
Ces indicateurs sont pensés pour aider le consommateur à faire un choix éclairé, en comparant les produits selon leur durabilité, réparabilité et performances environnementales.
Apple critique la méthodologie d’évaluation
Apple remet en cause plusieurs critères et méthodes de calcul utilisés par la Commission européenne. La marque à la pomme estime que certaines procédures ne reflètent pas l’usage réel des produits et risquent de désinformer les consommateurs.
Par exemple, Apple critique la manière dont l’efficacité énergétique est calculée, basée sur un scénario de lecture de vidéo standardisé. Selon Apple, ce test ne représente pas les usages variés d’un iPhone (jeux, navigation, appels, etc.) et favorise artificiellement les produits plus grands ou conçus uniquement pour optimiser ce scénario.
La réparabilité : un terrain glissant
Concernant l’indice de réparabilité, Apple souligne que la méthode d’évaluation pénalise injustement ses produits. Le constructeur considère qu’il propose déjà des solutions robustes pour la réparation, notamment via son programme « Self Service Repair » ou les Apple Store certifiés. Mais les critères européens valorisent avant tout l’accès libre aux pièces détachées et la capacité pour un réparateur tiers d’intervenir sans contrainte logicielle.
Apple s’inquiète que cette approche encourage la réparation non sécurisée et compromette la confidentialité ou la sécurité des données de l’utilisateur, ce qui va à l’encontre de ses standards internes.
La résistance aux chocs, un test discutable
L’étiquette européenne inclut une classe de résistance aux chutes répétées, mesurée via des tests mécaniques normalisés. Apple estime que ces tests ne tiennent pas compte de la réalité des conditions d’usage ni de la conception avancée de ses appareils (comme les verres céramiques, les rebords amortis, etc.). Selon Apple, ce critère risque de créer une vision biaisée de la robustesse de ses produits par rapport à d’autres constructeurs qui optimisent uniquement pour passer ces tests.
L’autonomie et la batterie : des critères à nuancer
L’autonomie annoncée par l’étiquette repose sur un test vidéo en boucle, ce qui avantage certains formats. Apple insiste sur le fait que l’expérience utilisateur réelle est bien plus large : entre appels, messages, réseau cellulaire, 5G, etc., et qu’il serait plus juste d’envisager des scénarios mixtes. Apple signale aussi que son système de gestion de l’alimentation optimise en permanence la batterie, ce qui n’est pas valorisé dans le calcul actuel du label.
Quant aux cycles de recharge (le nombre de recharges avant que la batterie ne passe sous les 80 %), Apple respecte les normes (≥800 cycles), mais critique là encore une méthode « rigide » qui ne prend pas en compte l’intelligence logicielle qui préserve la santé de la batterie.
Un dialogue nécessaire avec les régulateurs
Apple affirme dans le document qu’elle soutient les objectifs environnementaux de la Commission européenne, mais souhaite que les indicateurs soient plus représentatifs, justes et basés sur la réalité d’usage. Elle encourage une coopération étroite pour faire évoluer les méthodes de mesure et inclure des paramètres plus modernes, comme les optimisations logicielles, la gestion thermique ou les mises à jour de sécurité.
Une réglementation qui pourrait aller au-delà de l’UE
Même si cette étiquette est imposée uniquement dans l’Union européenne, Apple sait que ces critères auront des répercussions globales. Pour une entreprise qui vend les mêmes modèles dans le monde entier, se conformer à ces standards peut entraîner des ajustements de design, de stratégie commerciale et de communication à l’échelle mondiale.
Conclusion
La nouvelle étiquette énergétique européenne est une avancée en matière d’information et de durabilité, mais elle soulève des tensions avec des acteurs comme Apple. La firme californienne se dit prête à jouer le jeu, mais alerte sur plusieurs points de méthode qu’elle juge inadaptés ou simplistes. Ce débat illustre la difficulté à concilier innovation, éco-conception, réparabilité et sécurité dans un produit aussi complexe qu’un smartphone.