Spotify et Mozilla critiquent les changements dans l'UE d'Apple
- Medhi Naitmazi
- Il y a 11 mois
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Apple a, semble-t-il, réussi le coup de force de se conformer à la nouvelle loi sur les marchés numériques (Digital Markets Act) de l'Union européenne et a mécontenté les développeurs qui étaient à l'origine de cette demande de changements. Après les critiques acerbes de Tim Sweeney (Epic Games) et de la Coalition for App Fairness, Spotify et Mozilla se sont également prononcés contre les projets d'Apple. En clair, c'est une entourloupe, pour le dire gentiment.
Spotify est scandalisé par l'application de la DMA
Daniel Ek, PDG de Spotify, ne mâche pas ses mots :
Il s'agit d'une extorsion pure et simple. Apple a proposé une alternative irréalisable dans laquelle les développeurs devraient être enfermés jusqu'à la fin de leurs activités.
Dans un billet de blog, Ek expose les problèmes induits par les annonces d'Apple. Il explique, à ceux qui n'auraient pas compris en lisant notre dossier complet sur la soumission d'Apple à la DMA, que la combinaison de la nouvelle taxe de 0,50 centime et du manque de flexibilité concernant les paiements in-app constitue une mauvaise affaire pour la plupart des développeurs.
Apple propose aux développeurs le choix entre le statu quo et le nouveau modèle économique. Apple dit maintenant : "Bien sûr, nous vous laisserons établir des liens ou proposer vos propres méthodes de paiement... mais vous nous devrez toujours une commission pour cela (plus ces nouveaux frais fixes de 0,50 centime d'euro)". Cette combinaison de frais signifie que, dans la plupart des cas, si votre application est populaire, vous paierez à Apple le même montant, voire plus, qu'avec les règles antérieures. Apple rend la DMA encore plus pénalisante pour les développeurs, en leur proposant une alternative inapplicable qui étouffera immédiatement leurs activités.
La critique de Spotify intervient après que l'entreprise ait annoncé son intention de réintégrer les achats in-app dans son application iOS. Mais ce projet est désormais en pause, dans l'attente de la décision de la Commission européenne, elle qui a annoncé examiner les changements d'Apple.
En début de semaine, grâce à la clarté de la DMA, nous avons expliqué comment nous prévoyons d'offrir aux clients de l'UE plus de choix, plus de contrôle et de meilleures expériences. Aujourd'hui, cet avenir est moins clair. Et cela se résume à une question fondamentale : La Commission européenne ira-t-elle jusqu'au bout de son intention de redimensionner l'abus de pouvoir d'Apple ? Ou bien le DMA sera-t-il bien en théorie, mais en pratique, il n'aura aucune signification substantielle pour la plupart des développeurs ?
Tout ce qu'il faut, c'est appliquer la loi pour laquelle beaucoup ont travaillé si dur. La balle est dans votre camp, Messieurs les Commissaires européens, et une fois pour toutes, vous devez rejeter ce mépris flagrant des principes mêmes que vous avez travaillé si dur à établir.
Finalement, Ek conclut qu'Apple "vient de le montrer au monde entier, ils ne pensent pas que les règles s'appliquent à eux". Il pense qu'Apple a tout fait pour créer une nouvelle taxe conforme à la loi.
Mozilla ne veut pas créer un second navigateur sur iOS
Autre sujet du côté de Mozilla, avec l'ouverture aux navigateurs tiers. Encore une fois, Apple n'a pas simplement ouvert la porte, elle a rendu les choses légèrement difficiles.
Dans une interview accordée à The Verge, Mozilla a qualifié les nouvelles règles d'Apple concernant les moteurs de navigateur "d'aussi douloureuses que possible" pour son logiciel Firefox. Alors qu'Apple ouvre pour la première fois l'iPhone aux moteurs de navigation tiers, le porte-parole Damiano DeMonte déclare que l'entreprise n'est pas satisfait que le changement ne s'applique qu'à l'Union européenne.
Nous sommes encore en train d'examiner les détails techniques, mais nous sommes extrêmement déçus par le plan proposé par Apple de restreindre le BrowserEngineKit nouvellement annoncé aux applications spécifiques à l'UE. Cela aurait pour effet de forcer un navigateur indépendant comme Firefox à construire et à maintenir deux implémentations distinctes du navigateur - un fardeau qu'Apple n'aura pas à supporter.
Les propositions d'Apple ne parviennent pas à donner aux consommateurs des choix viables en rendant aussi pénible que possible pour d'autres de fournir des alternatives compétitives à Safari. Il s'agit là d'un nouvel exemple de la création par Apple de barrières empêchant une véritable concurrence entre les navigateurs sur iOS.
Si Mozilla, tout comme Google, veut se passer de WebKit dans Firefox pour iOS, alors elle doit recoder son navigateur en se basant sur l'API BrowserEngineKit, tout en maintenant la version existante en dehors de l'Union européenne. Une folie pour un seul appareil cible.
Les changements proposés par Apple seront inclus dans la version 17.4 d'iOS, qui sera mise à la disposition du grand public en mars. Rappelons d'ailleurs qu'Apple a sorti l'iPad de l'équation, ce qui complique encore un peu plus les choses.
Comme toujours, Apple a tenu à répondre aux critiques et a expliqué à Spotify qu'elle peut toujours conserver les conditions actuelles :
Nous sommes heureux de contribuer à la réussite de tous les développeurs, y compris Spotify, qui possède l'application de diffusion de musique en continu la plus populaire au monde. Les changements que nous proposons pour les applications dans l'Union européenne donnent aux développeurs le choix, avec de nouvelles options pour distribuer les applications iOS et traiter les paiements. Chaque développeur peut choisir de conserver les mêmes conditions que celles en vigueur aujourd'hui. Et selon les nouvelles conditions, plus de 99 % des développeurs paieraient le même montant, voire moins, à Apple.
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