L'UE enquête sur Meta autour de l'addiction des mineurs
- 👨 Alban Martin
- Il y a 6 mois
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La Commission européenne a lancé une procédure formelle pour déterminer si le propriétaire de Facebook et d'Instagram a enfreint la loi sur les services numériques (Digital Services Act, DSA) en contribuant à l'addiction des enfants aux médias sociaux et en ne garantissant pas un niveau élevé de sécurité et de protection de la vie privée.
Meta : nouvelle cible de l'UE
L'enquête demandée par Thierry Breton vise à déterminer si Meta évalue correctement les risques liés aux interfaces de ses plateformes et prend des mesures à cet égard. L'UE s'inquiète de la manière dont leurs conceptions pourraient « exploiter les faiblesses et l'inexpérience des mineurs et provoquer un comportement addictif, et/ou renforcer l'effet dit du “trou de lapin” . Une telle évaluation est nécessaire pour contrer les risques potentiels pour l'exercice du droit fondamental au bien-être physique et mental des enfants ainsi qu'au respect de leurs droits ».
La procédure examinera également si le groupe dirigé par Mark Zuckerberg prend les mesures nécessaires pour empêcher les mineurs d'accéder à des contenus inappropriés, s'il dispose d'outils de vérification de l'âge efficaces et si les mineurs disposent d'outils de protection de la vie privée simples et efficaces, tels que des paramètres par défaut. On connait déjà la réponse...
Votée à l'été 2022, la loi DSA fixe des normes pour les très grandes plateformes en ligne et les moteurs de recherche (ceux qui comptent au moins 45 millions d'utilisateurs mensuels dans l'UE) comme Meta (Apple, Google, Microsoft et autre Amazon sont concernées). Les entreprises désignées doivent notamment faire preuve de transparence en matière de publicité et de modération des contenus, partager leurs données avec la Commission et examiner les risques que présentent leurs systèmes dans des domaines tels que la violence sexiste, la santé mentale et la protection des mineurs. Le mois dernier, Apple a publié son rapport "DSA" concernant les six derniers mois écoulés.
Margrethe Vestager, vice-présidente exécutive pour une Europe adaptée à l'ère numérique, a déclaré :
Aujourd'hui, nous prenons une nouvelle mesure pour garantir la sécurité des jeunes utilisateurs en ligne. Avec la loi sur les services numériques, nous avons établi des règles qui peuvent protéger les mineurs lorsqu'ils interagissent en ligne. Nous craignons que Facebook et Instagram ne stimulent la dépendance comportementale et que les méthodes de vérification de l'âge mises en place par Meta sur leurs services ne soient pas adéquates. Nous voulons protéger la santé mentale et physique des jeunes.
Thierry Breton, commissaire au marché intérieur, a ajouté :
Nous ouvrons aujourd'hui une procédure formelle à l'encontre de Meta. Nous ne sommes pas convaincus qu'elle ait fait suffisamment pour se conformer aux obligations de la DSA d'atténuer les risques d'effets négatifs sur la santé physique et mentale des jeunes Européens sur ses plateformes Facebook et Instagram. Nous allons maintenant enquêter de manière approfondie sur les effets potentiels de dépendance et de « trou de lapin » des plateformes, sur l'efficacité de leurs outils de vérification de l'âge et sur le niveau de confidentialité accordé aux mineurs dans le fonctionnement des systèmes de recommandation. Nous ne ménageons pas nos efforts pour protéger nos enfants.
La réponse de Meta
La réponse de Meta ne s'est pas faite attendre. Le géant américain a mis en avant des fonctionnalités telles que les paramètres de supervision parentale, le mode silencieux et la restriction automatique du contenu pour les adolescents.
Nous voulons que les jeunes aient des expériences en ligne sûres et adaptées à leur âge et nous avons passé une décennie à développer plus de 50 outils et politiques conçus pour les protéger. Il s'agit d'un défi auquel l'ensemble du secteur est confronté, et nous sommes impatients de partager les détails de notre travail avec la Commission européenne.
Cependant, Meta fait régulièrement la une des médias pour de mauvaises raisons. Le dernier scandale en date, pointé du doigt par Elon Musk et plusieurs marques, concernait l'algorithme d'Instagram qui suggérait des contenus liés à l'exploitation sexuelle d'enfants à partir de mots clés banals comme "pizza". Sans oublier les études qui montrent que les services de Meta développe une dépendance chez les jeunes tout en suggérant des contenus psychologiquement nocifs, tels que la promotion des troubles de l'alimentation et de la dysmorphie corporelle.
Une seconde enquête d'envergure
Pour mémoire, la Commission a déjà entamé une procédure formelle à l'encontre de l'entreprise le 30 avril en raison de préoccupations concernant la publicité trompeuse, l'accès aux données pour les chercheurs et l'absence d'un système anti-désinformation pour les élections.
Le service juridique de Meta n'est pas prêt de partir en vacances avec un tel calendrier. Un programme que l'on aurait pensé aussi applicable à TikTok, le fléau du moment. Même la France, via Gabriel Attal hier, a suspendu le réseau chinois en Nouvelle-Calédonie. Les français sont d'ailleurs nombreux à demander une interdiction en Métropole, pour le bien de la jeunesse.