L'UE oblige Apple à ouvrir iOS aux alternatives à AirDrop et AirPlay
Nadim Lefebvre
- Il y a 7 heures
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L'Union européenne vient de préciser les modalités d'application de la loi sur les marchés numériques (DMA) concernant l'iPhone d'Apple. Ces nouvelles exigences, annoncées ce mercredi, visent à renforcer l'interopérabilité entre iOS et les appareils connectés tiers, comme les montres intelligentes et les écouteurs. Une décision qui promet de transformer profondément l'écosystème fermé d'Apple, au grand dam de la firme californienne qui n'a pas manqué de manifester son mécontentement.
Des mesures d'interopérabilité sans précédent pour iOS
La Commission européenne a publié aujourd'hui deux décisions détaillant précisément ce qu'elle attend d'Apple en matière d'interopérabilité. Ces mesures concernent neuf fonctionnalités de connectivité iOS, principalement utilisées pour les appareils connectés comme les smartwatches, les écouteurs ou les téléviseurs.
Parmi les principales exigences figurent :
- L'accès complet au système de notifications iOS pour les appareils connectés tiers
- Des privilèges d'exécution en arrière-plan pour les montres intelligentes, similaires à l'Apple Watch
- L'accès aux fonctionnalités système qui supportent les AirPods, comme l'appairage automatique par proximité
- La possibilité pour d'autres fabricants de créer des équivalents à AirDrop et AirPlay
Ces fonctionnalités devront être accessibles gratuitement et sans restriction pour tout type d'appareil connecté. La Commission exige également qu'Apple mette les frameworks et API pertinents à disposition en même temps que ses propres fonctionnalités, sans délai pour les tiers.
Un calendrier a déjà été établi : la prise en charge des notifications iOS par des appareils tiers devrait être disponible en version bêta d'ici la fin de l'année, avec un déploiement complet prévu pour 2026. La majorité de ces changements devraient arriver avec iOS 19, et être pleinement implémentés au plus tard dans iOS 20.

Apple s'oppose fermement à ces décisions
Sans surprise, Apple a vivement réagi à ces nouvelles exigences. Dans un communiqué transmis à 9to5Mac, la firme à la pomme considère que ces décisions sont "mauvaises pour ses produits et mauvaises pour ses utilisateurs européens". Apple indique dans son communiqué :
Les décisions d’aujourd’hui nous enferment dans une bureaucratie excessive, ralentissant la capacité d’Apple à innover pour les utilisateurs en Europe et nous obligeant à offrir gratuitement nos nouvelles fonctionnalités à des entreprises qui ne sont pas soumises aux mêmes règles. C’est mauvais pour nos produits et pour nos utilisateurs européens. Nous continuerons à travailler avec la Commission européenne pour l’aider à comprendre nos préoccupations au nom de nos utilisateurs.
L'entreprise affirme que le DMA l'oblige essentiellement à céder sa propriété intellectuelle à des concurrents, y compris à des sociétés "dont le modèle économique repose sur la copie des autres". Apple s'inquiète également que certaines entreprises exploitent le DMA pour contourner les normes européennes de protection des données.
Malgré ses protestations, Apple assure avoir travaillé de manière extensive avec la Commission pour se conformer au DMA, dédiant jusqu'à 500 ingénieurs à cet effort. La société maintient qu'elle répond déjà à toutes les exigences avec ses 250 000 API disponibles.
Un tournant majeur pour l'écosystème Apple
Cette décision marque un tournant dans la stratégie d'intégration verticale longtemps défendue par Apple. Pour Teresa Ribera, vice-présidente exécutive de la Commission européenne, "l'interopérabilité efficace pour les appareils connectés tiers est une étape importante vers l'ouverture de l'écosystème Apple."
Les fabricants d'appareils comme Samsung, Fitbit ou Garmin pourraient bénéficier grandement de ces nouvelles règles, car leurs montres connectées pourront désormais interagir avec l'iPhone de manière aussi fluide que l'Apple Watch. De même, les écouteurs de marques concurrentes pourront accéder aux mêmes fonctionnalités système que les AirPods.
Si ces décisions sont juridiquement contraignantes, elles restent soumises à un contrôle judiciaire indépendant. Apple pourrait donc encore chercher des recours juridiques pour atténuer ces exigences. Quoi qu'il en soit, les utilisateurs européens d'iPhone devraient bientôt profiter d'une expérience plus ouverte et d'un choix élargi d'appareils compatibles avec leurs produits Apple, mais pas sûr que ce soit souhaitable.
En tout cas, la bataille entre Apple et l'UE est loin d'être terminée. A terme, il est fort probable que de plus en plus de fonctionnalités logicielles soient manquantes chez nous à l'instar de la recopie de l'iPhone. Tout cela est loin d'être terminé.
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