Quel est le problème avec les nouvelles applications d'Apple ?
- 👨 Nadim Lefebvre
- Il y a 2 mois
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Une stratégie d'enrichissement de l'écosystème qui peine à convaincre
Si l'arrivée de ces nouvelles applications témoigne de la volonté d'Apple d'enrichir son écosystème, force est de constater que cette stratégie peine pour l'instant à porter ses fruits. Malgré les moyens importants investis dans leur développement et leur promotion, ces apps ont du mal à trouver leur public et à s'imposer face à des concurrents bien établis.
Le problème ne semble pas tant venir de la qualité intrinsèque de ces applications, globalement bien conçues et offrant des fonctionnalités intéressantes. C'est plutôt leur positionnement et leur valeur ajoutée qui interrogent. Avec Journal, Sports, Freeform ou Apple Music Classical, Apple investit des marchés déjà bien occupés où il est difficile de se faire une place.
Des apps qui manquent parfois de différenciation et d'originalité
Prenons l'exemple de Journal, ce carnet de notes évolué lancé avec iOS 17. Sur le papier, l'app a de solides arguments, mais dans les faits, elle peine à réellement se distinguer des nombreuses solutions déjà présentes sur le marché. La plus grosse limite de l'app Journal est qu'elle n'est disponible que sur iOS. Impossible d'agrémenter son journal personnel sur iPad ou Mac, ou de le consulter sur la Watch. C'est dommage, parce que journal est bien pensée en soi et parfaitement intégrée dans l'écosystème en tirant parti de Photos, Calendrier ou de Plans. L'application ne semble pas tout à fait terminée, et nul doute qu'elle évoluera dans quelques années mais ce sera sans doute déjà trop tard.
Même constat pour Sports, qui arrive bien tard sur le terrain des résultats sportifs en direct face à Flashscore qui est la référence du marché. Ce-dernier propose tous les sports, toutes les ligues et des informations enrichies comme les compositions d'équipes et des actualités sportives. Pourquoi Apple a voulu s'engouffrer dans ce secteur ? Sports n'apporte malheureusement aucune valeur ajoutée en plus d'être incomplète.
Freeform, de son côté, est un concept intrigant de tableau blanc collaboratif. Mais là encore, difficile de voir ce que l'app apporte de plus que des outils comme Miro ou Microsoft Whiteboard. Freeform étant le dernier arrivé tout en se limitant à l'écosystème Apple, il est très difficile d'espérer pénétrer ce marché durablement. Une entreprise, qui a forcément du personnel sur Windows et Android, ne peut pas se permettre de switcher intégralement sur Freeform sans prendre le risque de laisser des employés sur le bord de la route. On touche là une des limites de la philosophie fermée de Cupertino.
Quant à Apple Music Classical, elle souffre d'un positionnement très de niche qui limite forcément son potentiel. Surtout, le choix d'en faire une application distincte d'Apple Music est incompréhensible dans la mesure où il s'agit d'exactement le même service. L'interface est identique, l'abonnement est le même... seul le catalogue diffère. S'il y a une application où il est difficile de suivre Apple c'est bien sur Music Classical.
Résultat, malgré la force de frappe d'Apple, ces nouvelles applications peinent pour l'instant à vraiment rencontrer leur audience. Les chiffres d'utilisation restent modestes et on est loin d'un engouement massif. La preuve que même pour Apple, il ne suffit pas de lancer une app pour qu'elle devienne incontournable. La stratégie largement axée sur les services voit peut-être là encore une de ses limites.
Un avenir incertain pour ces nouvelles apps Apple
Face à ces débuts timides, l'avenir de ces nouvelles applications made in Cupertino semble incertain. Apple va devoir redoubler d'efforts pour les améliorer et mieux les positionner si elle veut leur donner une chance de s'imposer. Cela passera sans doute par l'ajout de fonctionnalités exclusives et différenciantes, mais aussi par une meilleure intégration à l'écosystème.
Car c'est peut-être là que réside le principal atout de ces apps : leur capacité à s'interconnecter de façon fluide avec le matériel et les services Apple. En jouant à fond cette carte de l'intégration, Journal, Sports, Freeform et Apple Music Classical pourraient finir par trouver leur public, en particulier auprès des utilisateurs les plus investis dans l'univers de la pomme.
Mais cela demandera du temps et des efforts continus. Apple devra faire preuve de persévérance et ne pas hésiter à faire évoluer en profondeur ces apps si nécessaire. Un défi de taille pour la firme de Tim Cook, qui devra aussi gérer son portefeuille d'applications avec précaution, sous peine de le voir s'alourdir de façon contreproductive. Maintenant qu'Apple Intelligence pèse lourd dans la balance dans la mesure où il s'agit aujourd'hui de la priorité d'Apple, il est peu probable de voir les autres services évoluer de manière importante dans un temps proche. Quand on constate le temps qu'à mis Apple pour faire évoluer Mail ou développer une calculatrice sur l'iPad, peut-être faudrait-il améliorer les applications existantes avant d'en créer de nouvelles. L'avenir nous dira si le pari de ces nouvelles apps était le bon, mais tout cela semble mal parti.