PC Snapdragon X : un échec commercial et technologique
- 👨 Nadim Lefebvre
- Il y a 26 jours
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Un écosystème fragile malgré des performances prometteuses
Les PC Snapdragon X ne manquent pourtant pas d'atouts sur le papier. Les tests montrent des performances satisfaisantes en calcul multicœur, particulièrement dans les benchmarks comme Cinebench 2024. La puce brille notamment dans les tâches d'intelligence artificielle grâce à son NPU (Neural Processing Unit) performant, un argument mis en avant par Microsoft avec sa certification Copilot+.
Cependant, la réalité du terrain révèle de nombreuses faiblesses. Les performances s'avèrent décevantes sur les tâches quotidiennes comme l'encodage vidéo, tandis que l'autonomie ne tient pas ses promesses face aux MacBook Air M3 qui affichent 40% d'endurance supplémentaire. Le positionnement tarifaire exclusivement premium, avec des prix démarrant au-delà des 1000€, limite considérablement l'accessibilité de ces machines. Et sérieusement, qui a envie de dépenser un SMIC dans une machine Windows expérimentale alors que le Mac existe ?
La compatibilité logicielle constitue un autre point noir majeur. Le cas des imprimantes est particulièrement révélateur : selon plusieurs revendeurs européens, le taux de retour des PC Snapdragon X atteindrait 50%, principalement en raison de problèmes de compatibilité avec les imprimantes. La majorité des fabricants, à l'image de Brother, n'ont pas développé de pilotes ARM pour leurs appareils, même récents, créant une situation particulièrement frustrante pour les utilisateurs. Apple a encore de beaux jours devant elle avec AirPrint.
Les défis structurels d'une transition complexe
a situation actuelle met en lumière des obstacles fondamentaux que Microsoft et Qualcomm peinent à surmonter. L'émulation des applications x86 reste largement perfectible. Alors qu'Apple a développé Rosetta 2 permettant d'atteindre 85% des performances natives, l'émulation Windows sur ARM plafonne à environ 50% des performances d'origine, limitant considérablement l'intérêt de ces machines pour les utilisateurs ayant besoin d'applications traditionnelles.
Le développement natif souffre également de graves lacunes. L'annulation récente du kit de développement Snapdragon X Elite par Qualcomm, survenue deux semaines seulement après le lancement des premiers PC, illustre le manque de préparation de l'écosystème. Cette décision contraste fortement avec l'approche d'Apple, qui avait fourni des kits de développement trois mois avant le lancement des premiers Mac M1, permettant aux développeurs de préparer sereinement la transition.
L'IA comme nouveau souffle
Face à ces difficultés, l'industrie mise désormais sur l'intelligence artificielle comme argument différenciant. Les chiffres sont encourageants : les PC "AI Ready" représentent déjà 20% des expéditions totales au dernier trimestre 2024, avec 13,3 millions d'unités vendues. Microsoft pousse sa certification Copilot+ pour standardiser les performances en matière d'intelligence artificielle. L'idée est évidemment de concurrencer fortement Apple intelligence dans le secteur mais également Google qui propose Gemini dans le cloud au sein de ses Chromebook.
Toutefois, cet avantage pourrait être de courte durée. L'arrivée des nouvelles puces Intel Core Ultra et AMD Ryzen AI, intégrant des NPU aux performances comparables, risque d'éroder rapidement l'attrait des Snapdragon X sur ce terrain. Ces processeurs x86 promettent en outre une meilleure compatibilité avec l'existant, tout en offrant des performances similaires en matière d'IA.
Pour que la plateforme Windows ARM décolle véritablement, une refonte profonde de l'approche semble nécessaire. Microsoft devrait envisager une démocratisation des prix pour faciliter l'adoption de ces machines, tout en renforçant significativement le support aux développeurs. En attendant ces évolutions, la domination d'Apple sur le segment des ordinateurs ARM semble partie pour durer. Cette situation démontre qu'une transition architecturale réussie nécessite bien plus que de simples prouesses techniques : c'est tout un écosystème qu'il faut faire évoluer de concert, une leçon que Microsoft et Qualcomm apprennent à leurs dépens.
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