L'UE accuse encore Google de ne pas respecter le DMA
Nadim Lefebvre
- Il y a 1 jours (Màj il y a 1 jours)
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La Commission européenne vient d'adresser des conclusions préliminaires à Alphabet, la maison mère de Google, l'accusant de ne pas respecter le Digital Markets Act (DMA) européen. Le géant américain est soupçonné de favoriser ses propres services Shopping, Hôtels et Vols au détriment des services concurrents, ainsi que d'empêcher les développeurs d'applications de rediriger leurs clients vers d'autres canaux de distribution.
Des pratiques d'auto-préférence dans Google Search
Selon la Commission européenne, Google enfreint la réglementation antitrust en accordant un traitement préférentiel à ses propres services. Concrètement, les services Google comme les comparateurs de prix, les réservations d'hôtels ou les résultats financiers et sportifs bénéficieraient d'une meilleure visibilité dans les résultats de recherche. Ils apparaissent en haut de page avec des formats visuels améliorés et des mécanismes de filtrage spécifiques.
Teresa Ribera, vice-présidente exécutive européenne pour la transition propre, juste et compétitive, a déclaré :
Notre point de vue préliminaire est qu'Alphabet est en infraction avec le Digital Markets Act en favorisant ses propres produits sur la page de résultats de Google Search, ce qui signifie que les fournisseurs et concurrents ne bénéficient pas de pratiques de classement équitables.
De son côté, Google conteste ces accusations. Oliver Bethell, directeur principal de la concurrence chez Google, estime que les changements réclamés par l'Europe sont "mal orientés" et pourraient nuire aux consommateurs. Il affirme par exemple que sans l'affichage direct des résultats de voyage, les utilisateurs finiraient par payer plus cher leurs billets d'avion en raison des commissions versées aux sites intermédiaires. En effet, concernant les vols, Google affiche toujours les prix les plus bas et ne favorise aucun acteur bien qu'il s'octroie une commission à chaque achat de billet.
A noter que Google a déjà entrepris de nombreux changement dans son moteur de cherche pour ne pas favoriser ses services. Par exemple, en Europe, il n'y a plus les résultats Google Maps quand on recherche un lieu. Malgré ces adaptations jugée trop maigres, la Commission Européenne semble toujours remontée contre l'entreprise.

Des restrictions sur le Google Play Store
L'autre volet de l'enquête concerne l'App Store de Google pour Android. La Commission estime qu'Alphabet "n'autorise pas efficacement les utilisateurs de téléphones Android à être informés ou dirigés vers des offres moins chères provenant de développeurs d'applications en dehors du Google Play Store." Un reproche qui est également fait à Apple et son App Store.
Google affirme que cette position crée un "faux choix entre ouverture et sécurité" et pourrait forcer l'entreprise à exposer ses utilisateurs à des liens malveillants ou frauduleux en dehors de l'environnement sécurisé de Play Store. Aussi, Google rappelle qu'on peut librement installer des stores alternatifs sur Android alors que c'est le cas depuis peu sur iOS avec de nombreuses restrictions.
En cas de confirmation des conclusions préliminaires, Google risque une amende pouvant atteindre 10% de son chiffre d'affaires mondial annuel, soit un maximum de 35 milliards de dollars sur la base des 350 milliards générés par Alphabet en 2024.
Cette annonce intervient dans un contexte de tensions croissantes entre les régulateurs européens et les grandes entreprises technologiques américaines, alors que le président Donald Trump a publiquement critiqué les amendes infligées par l'UE aux entreprises américaines. La justice américaine, elle, enquête sur la position dominante de Google avec Android et le navigateur Chrome. En bref, Google est attaqué de toutes parts.
Aujourd'hui aussi, la Commission Européenne a publié un communiqué cinglant selon lequel Apple ne respectait pas non plus la DMA à la différence que Cupertino reste d'être autrement plus lourdement sanctionnée. Tout savoir dans notre article dédié : L'UE oblige Apple à ouvrir iOS aux alternatives à AirDrop et AirPlay
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