Google contraint d'ouvrir son Play Store après sa défaite contre Epic Games
- Nadim Lefebvre
- Il y a 3 mois (Màj il y a 2 mois)
- 💬 1 com
- 🔈 Écouter
Google vient de subir un revers majeur dans sa bataille judiciaire l'opposant à Epic Games. Lundi, un juge fédéral de San Francisco a rendu une décision qui pourrait bien changer la donne sur le marché des applications Android. Après avoir été reconnu coupable d'abus de position dominante en décembre dernier, Google va devoir ouvrir son Play Store à davantage de concurrence. Une victoire pour les développeurs, mais aussi potentiellement pour les utilisateurs.
Un juge ordonne des changements majeurs sur Android
Il n'y a pas qu'Apple qui est accusée de pratiques anticoncurrentielles par Epic Games. Lundi, le juge James Donato a rendu son verdict dans le procès opposant Epic Games à Google depuis 2020. Il a émis une injonction permanente obligeant Google à offrir plus d'options aux utilisateurs d'Android pour télécharger des applications et effectuer des achats in-app, en dehors du Play Store.
Pendant trois ans, Google ne pourra plus :
- Payer des entreprises pour qu'elles lancent des apps en exclusivité sur le Play Store
- Empêcher des app stores concurrents d'accéder au catalogue du Play Store
- Imposer son système de paiement aux développeurs ou les empêcher de promouvoir des options moins chères
Google devra aussi permettre l'installation d'app stores tiers directement depuis le Play Store. Un comité de 3 personnes, dont des représentants de Google et d'Epic, supervisera la mise en œuvre de ces changements.
La véritable nouveauté est qu'un juge américain demande à Google d'ouvrir son store. De fait, les récentes évolutions du règlement européen liées aux DMA et DSA commencent à être transposées au reste du monde.
Une victoire pour les développeurs, un revers pour Google
En décembre dernier, un jury avait donné raison à Epic, estimant que Google abusait de sa position dominante sur Android. Avec cette injonction, les développeurs pourraient récupérer une plus grande part des 124 milliards de dollars dépensés dans les apps en 2023, en contournant les commissions de 15 à 30% prélevées par Google.
C'est un revers majeur pour le géant du web, dont l'action a chuté de plus de 2% après l'annonce. Google compte faire appel pour suspendre ces changements, qui doivent entrer en vigueur en novembre. Mais pour Tim Sweeney, patron d'Epic, cela laisse 3 ans aux acteurs de l'écosystème Android pour bâtir une alternative viable au Play Store.
Des pratiques anticoncurrentielles pointées du doigt
Depuis plusieurs années, Epic accuse Google et Apple d'imposer leurs app stores et systèmes de paiement, en prélevant des commissions jugées excessives. Lors du procès, l'éditeur de Fortnite a mis en lumière les accords passés par Google avec des fabricants pour verrouiller la distribution d'apps, et les messages décourageant le "sideloading" d'apps tierces sur Android.
Une stratégie qui s'est retournée contre Google, dont les pratiques ont été largement documentées en interne. Contrairement à son procès contre Apple, qu'Epic a perdu, celui contre Google a été tranché par un jury. Mais le géant du web fait face à d'autres poursuites antitrust, sur la recherche en ligne et la publicité. Des batailles juridiques cruciales, qui pourraient redessiner le paysage numérique ces prochaines années.