Signal a menacé de quitter la France face à la loi Narcotrafic
Nadim Lefebvre
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La messagerie sécurisée Signal a lancé un avertissement clair : elle quittera le marché français si la loi Narcotrafic récemment en discussion à l'Assemblée nationale impose des mesures affaiblissant le chiffrement de bout en bout. Meredith Whittaker, présidente de la fondation Signal, a exprimé cette position ferme dans un tweet publié le 19 mars 2025.
Une opposition ferme à toute "porte dérobée"
Le cœur du débat concerne une disposition controversée de la proposition de loi visant à "sortir la France du piège du narcotrafic". Cette mesure, défendue par le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, permettrait aux autorités d'ajouter discrètement un tiers dans les conversations chiffrées - un mécanisme surnommé "proposition du fantôme". Si cette approche ne "casse" pas directement le chiffrement, elle en compromet fondamentalement le principe selon les experts en sécurité.
📣🚨 BAT SIGNAL: A law in France that would mandate a backdoor in end to end encrypted communications is set for a vote within the next day, after some start-stop skirmishes.
— Meredith Whittaker (@mer__edith) March 19, 2025
The French Narcotraffic law would require encrypted communications providers—like Signal—create a…
Pour Signal, cette mesure constitue de facto une porte dérobée, même si le gouvernement refuse cette qualification. L'entreprise américaine maintient que le chiffrement de bout en bout ne peut fonctionner qu'avec deux extrémités : l'émetteur et le destinataire. Toute tentative d'ajouter une "troisième extrémité" représente une faille de sécurité inacceptable.

Un débat qui divise
La ministre du Numérique, Clara Chappaz, tente de trouver un équilibre délicat, plaidant pour "explorer la faisabilité de solutions techniques permettant d'accéder à des communications ciblées sans affaiblir la sécurité du système tout entier". Des discussions techniques ont été engagées avec plusieurs acteurs majeurs comme Meta (WhatsApp), Google (Messages), Apple (iMessage), Olvid et Telegram.
Cependant, Signal reste inflexible sur ses principes. Cette position n'est pas isolée : WhatsApp et Apple ont également exprimé des réserves similaires par le passé.
Un rejet massif à l'Assemblée
Dans la nuit du jeudi au vendredi, l'Assemblée nationale a finalement rejeté cette disposition controversée par 119 voix contre et seulement 24 pour, malgré le soutien appuyé du ministre de l'Intérieur. Ce vote constitue un soulagement pour les défenseurs de la vie privée et les entreprises comme Signal dont la présidente s'est félicitée dans un tweet :
GOOD MORNING AND GOOD NEWS!🌞 💐
— Meredith Whittaker (@mer__edith) March 21, 2025
We are relieved to see the French National Assembly vote against the dangerous backdoor amendments in the Narcotrafficing law.
To all of those who saw sense and stood against these pernicious proposals late into the evening, thank you!… https://t.co/7mM3x9LZs8
Il est intéressant de noter que parmi les utilisateurs de Signal figure le président Emmanuel Macron lui-même, qui l'utilise pour ses échanges personnels, en complément de l'application Olvid pour ses communications avec ses conseillers.
Si la menace immédiate semble écartée, le débat sur l'équilibre entre sécurité publique et protection de la vie privée reste d'actualité, d'autant que d'autres mesures de surveillance ont été approuvées dans le cadre de cette même loi.
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