Quel bilan pour le casque Vision Pro d’Apple après un an ?
- 👨 Nadim Lefebvre
- Hier à 12:30 (Màj hier à 14:50)
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Un chef d'œuvre technique aux usages limités
Sur le plan matériel, le Vision Pro impressionne toujours autant. Ses écrans micro-OLED offrent une qualité d'affichage exceptionnelle avec une résolution 4K par œil, le suivi oculaire et gestuel fonctionne remarquablement bien, et le passage fluide entre réalité virtuelle et mixte reste inégalé. Le casque propose également une expérience cinéma personnelle bluffante et une extension d'écran Mac efficace. Seuls les matériaux utilisés — premium mais relativement lourds — et l'écran avant Eyesight sont des choix discutables au niveau hardware.
Cependant, ces prouesses techniques ne suffisent pas à masquer les défauts majeurs, comme expliqué lors de notre test. Avec ses 600 grammes, le Vision Pro s'avère rapidement inconfortable lors d'une utilisation prolongée. Inutilisable avec des lunettes, il faut soit se doter de lentilles de contact soit utiliser des verres correcteurs proposés par Apple et Zeiss à des tarifs prohibitifs. La batterie externe reliée par câble reste contraignante, pour une autonomie limitée à 2 heures. Plus problématique encore, le catalogue d'applications demeure très restreint, avec l'absence notable de grands noms comme Netflix, Spotify ou YouTube. Malgré quelques bonnes idées, les développeurs boudent encore le Vision Pro. Le parc installé étant trop restreint et les usages toujours indéfinis, rares sont ceux qui s'aventurent à développer une app pour cette plateforme. iSoft est l’une des rares applications natives françaises sur visionOS.
Une stratégie commerciale qui pose question
Les ventes du Vision Pro peinent à décoller, avec seulement 400 000 à 500 000 unités écoulées en 2024. Un chiffre décevant qui a poussé Apple à suspendre la production. Tim Cook lui-même reconnaît que le casque n'est pas destiné au grand public mais aux "early adopters".
Le prix exorbitant n'explique pas tout. Le véritable problème réside dans l'absence d'usage clairement défini. Entre ordinateur spatial, console de jeu et plateforme de divertissement, le Vision Pro peine à trouver sa place. L'expérience utilisateur manque encore de spontanéité, nécessitant une préparation qui nuit à son utilisation quotidienne. De fait, rares sont ceux qui utilisent le Vision Pro encore régulièrement et il traîne depuis des mois dans les tiroirs de beaucoup d'utilisateurs.
Surtout : à qui s'adresse ce produit ? Aux entreprises ? Aux particuliers ? Personne ne le sait. Lors de l'annonce du Vision Pro, Apple s'est attardée sur le divertissement avec notamment un partenariat avec Disney. Mais à un prix aussi élevé, ce device ne s'adresse manifestement pas à des particuliers. De plus, le Vision Pro enferme et empêche de partager un film ou une série avec son entourage. Tout cela mis bout à bout donne un produit techniquement excellent mais qui ne sait pas à qui il s'adresse, et c'est un gros problème.
Une concurrence qui s'organise
Pendant qu'Apple cherche encore sa voie, la concurrence s'organise. Google et Samsung ont annoncé leur alliance autour d'Android XR, un système d'exploitation dédié qui équipera le Project Moohan. Cette réponse directe au Vision Pro mise sur l'intégration poussée de l'IA Gemini et un prix plus accessible. Meta continue également sa progression avec son Quest 3, qui domine le marché grand public de la réalité mixte. La société de Mark Zuckerberg bénéficie d'une expérience précieuse dans le domaine et d'un écosystème déjà bien établi.
Quel avenir pour le Vision Pro ?
Les regards se tournent désormais vers les futures itérations du Vision Pro. Une version plus puissante équipée de la puce M5 est attendue entre fin 2025 et début 2026. Mais c'est surtout le modèle "abordable" qui cristallise les attentes, bien qu'il ne soit pas prévu avant 2027. Les concurrents ont le temps de se mettre encore plus au niveau, et Apple leur laisse toute la latitude pour prendre une avance potentiellement irrattrapable.
Apple devra impérativement revoir sa copie pour convaincre au-delà des premiers adoptants. Le succès à long terme du Vision Pro dépendra de sa capacité à proposer des cas d'usage pertinents, un form factor plus compact et un prix plus accessible. Sans ces évolutions majeures, le risque est grand de voir ce produit innovant rejoindre le cimetière des technologies prometteuses mais prématurées. Selon nous, sans les lunettes Apple Glass, il sera difficile de vendre des casques Vision par millions. Qui veut vivre avec un masque sur le visage ?