Qualcomm veut racheter Intel : quelles implications pour Apple ?
- 👨 Nadim Lefebvre
- Il y a 2 mois
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Qualcomm à l'offensive, Intel sur la défensive
Qualcomm, leader des puces pour smartphones, est en pleine forme avec une valorisation boursière de près de 190 milliards de dollars (+55% sur un an). À l'inverse, Intel traverse une passe difficile : son cours de bourse a chuté de 40%, sa capitalisation est tombée à 93 milliards, et le groupe vient d'annoncer une perte de 1,6 milliard de dollars et 15 000 suppressions d'emplois. Intel qui régnait en maître sur l'informatique mondiale il y a près de 20 ans et qui était la plus grande entreprise du monde, vie la période la plus morose de son histoire.
Intel a raté le virage de l'ARM et de l'IA, se faisant doubler par Nvidia sur ce dernier segment. Sur les serveurs, Intel est en train de perdre face à AMD. Ses usines de production de puces, autrefois les plus avancées au monde, ont perdu leur avantage technologique par rapport à TSMC et même Samsung. Ces derniers mois, les processeurs de 13e et 14e génération ont fait face à des dysfonctionnements tels que l'entreprise a dû faire des rappels et réparations qui lui ont coûté des dizaines de milliards. Bref, le roi des processeurs x86 n'est plus aussi intouchable et Qualcomm semble bien décidé à en profiter.
Un rachat qui soulèverait de nombreux obstacles
Mais la route est encore longue avant un éventuel deal. Déjà, le coût serait colossal pour Qualcomm, même avec sa solide santé financière. Ensuite, un tel rapprochement ferait l'objet d'un examen antitrust approfondi vu la taille et l'importance stratégique des deux groupes.
Pour rappel, Qualcomm est une entreprise en situation de quasi monopole sur des marchés technologiques majeurs. Processeurs ARM sur Android et PC, puces 5G et Wi-Fi, firmwares réseau... sans Qualcomm la tech ne saurait pas évoluer aussi rapidement. En rachetant Intel, qui reste un acteur majeur des puces malgré ses difficultés, Qualcomm éliminerait un concurrent et se retrouverait en position dominante sur un nouveau marché.
Autre point d'achoppement : les activités de fonderie déficitaires d'Intel. Qualcomm, qui ne produit pas ses propres puces, n'aurait sans doute pas intérêt à les reprendre. Mais les autorités accepteraient-elles une vente sans ces usines jugées essentielles pour la compétitivité américaine ? On sait que le gouvernement américain, avec le Chips Act et les milliards de subventions versées pour construire des usines sur son territoire (à l'instar de TSMC), voit d'un très mauvais oeil le déclin d'Intel.
Quel impact pour Apple ?
Apple est un client majeur à la fois de Qualcomm, qui fournit des modems 5G pour l'iPhone, mais aussi son plus plus grand concurrent sur les puces ARM. La firme à la pomme suit donc forcément ce dossier de près, d'autant qu'elle cherche à réduire sa dépendance à des fournisseurs tiers en concevant ses propres puces.
Si Qualcomm mettait la main sur les activités de conception de puces et l'expertise logicielle d'Intel, cela pourrait lui donner un sérieux coup de boost face à Apple sur le marché des PC. Qualcomm est la première entreprise a avoir conçu des SoC ARM boostés à l'IA pour PC, et pour l'instant il n'y a aucune concurrence si ce n'est Apple sur son propre écosystème. Voilà une histoire qui n'est pas sans rappeler celle de la tentative de rachat d'ARM par Nvidia qui avait été, fort heureusement, retoquée par l'autorité de concurrence britannique.
Apple pourrait aussi craindre qu'un Qualcomm renforcé n'abuse de sa position dominante, comme il a déjà été accusé de le faire par le passé. Mais difficile de dire à ce stade si la firme de Cupertino aurait vraiment intérêt à s'opposer à ce mariage entre géants des puces. Une chose est sûre : si Qualcomm et Intel convolent, cela redistribuera les cartes dans la bataille des semi-conducteurs. Et Apple devra forcément s'adapter à ce nouveau paysage concurrentiel.
En savoir plus sur le New-York Times.